Dehors les neiges fondues
Dehors les neiges fondues c’est de la glace — les chiens croient déjà
au printemps — et tous attendent.
Dehors les neiges fondues c’est des pierres — nos carcasses glissent
dessus et elles aussi fondent.
Dehors les neiges fondues sont des lacs et sont des rivières — nos
restes sont dessus comme des sacs usés raides.
Dehors les neiges fondues finissent dans la bouche des bêtes — elles
boivent comme ça — sur le bitume et le béton.
Dehors les neiges fondues envahissent nos plaines et les rues —
certains même — ils ont peur des neiges ainsi flottes.
Alors — les neiges fondues nous envahissent de leurs eaux froides et
dures — qui pour poser les balises — qui pour allumer des phares.
Alors — on observait depuis les collines — on n’avait pas de chien à
caresser comme ça — mais on observait — les chiens eux — c’était tous
des bêtes sauvages et poils.
On voyait ça — les plaines peu à peu jaune brun — les fumées des
baraques — une charrette là — une bagnole — des gamins.
Le vent
soufflait froid — la plaine s’écrasait depuis l’Ouest et vers
l’Est — et le soleil on l’avait en pleine gueule.