la route | 41

en réalité ils ne savent rien et c’est cela qu’ils aiment :

 à l’arrière d’un van par exemple ils regardent le soleil sur le tissu d’un siège — la poussière
 cette histoire de bagnole de diesel et de routes qu’on épuise — ils savent bien que ça ne tient pas une bielle
 oui c’est ça ils savent bien que ça ne tient pas un cardan pas un cylindre rien
 c’est plutôt comme s’ils liquidaient leurs mondes leurs vieux rêves des histoires pour courir debout dans le vent et sans fin
 c’est plutôt comme s’il fallait qu’ils se débarrassent de tout ça pour mieux être là — à nouveau là vraiment là — ici et maintenant
 alors ils écrivent le poème de leurs routes et qu’importe
 alors ils s’imaginent que l’un d’entre eux aurait une belle histoire et ça ferait un poème de plusieurs centaines de pages
 alors ils s’imaginent une dernière fois au volant et puis c’est le noir.

image : photographie au 5D en Roumanie le 14 août 2013.