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Après le dernier virage

jeudi 17 février 2011, par sebmenard

**seconde version

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Après le dernier virage [1] en bas il y a le carrefour et puis là les blocs de béton [2] — deux petits blocs posés [3] au bord de la route.


**première version

après le dernier virage (1) en bas il y a le carrefour et puis là les blocs de béton (2)- deux petits blocs posés au bord de la route

1. dans le dernier virage une fois plus de vingt minutes bloqués sans même voir pourquoi - la sueur dans le mini-bus jaune - le jaune même de la peinture du bus dans le reflet de la vitre d’une autre en face - et personne pour avancer - les types à l’intérieur marre d’attendre et puis y’en a un il dit c’est peut-être l’armée et ils ont commencés à s’agiter (3)

2. liste des différents lieux où tu as vu du béton aligné comme un mur
un long couloir avec le béton bien droit là le chauffeur de taxi il avait dit ça c’est le mur de séparation de l’autre côté ce sont des colonies - la tour de béton au checkpoint de Qalandia les peintures dessus toutes les unes sur les autres les tags immenses - le mur qui s’éloigne vers le Nord Ouest au checkpoint - la vue sur le mur qui serpente depuis les hauteurs au Sud de Ramallah et les tourelles de surveillances à espaces réguliers - le mur sous le soleil un vendredi matin c’était pas possible de passer le checkpoint les hommes de ce côté - les femmes de l’autre - le mur qui surgit là dans la nuit et l’odeur du tabac dans la bagnole - les blocs de béton au bord de la route certains c’est écrit dessus blanc sur le rouge - les tourelles de béton au bord de la route vers le Nord une de chaque côté - la petite tour en haut de la côte avant le checkpoint et une nuit le spot lumière sur la vallée - le long mur bien raide tout le long de la route - combien de fois tu l’as prise - y’a que quelques bornes mais pour beaucoup ici c’est comme une muraille - le mur avec le remblais de ce côté et quand tu marches à côté tu vois loin ce n’est même plus un mur il reste quoi sinon quelques centimètres de béton la poussière - la corde qu’ils ont accroché là-bas pour passer au-dessus - les types dans la cabane de béton et ils disent entrez entrez mais y’a rien y’a pas de toit y’a pas de portes y’a presque pas de mur y’a juste un peu de béton alors on entre où - les morceaux de béton oublier sur les bords de route et ceux qui bloquent les horizons bitume les morceaux de béton gris jaune et d’autres aussi ils sont bleus - les morceaux de béton tous bien alignés à ce carrefour et le type à l’intérieur derrière son fusil mitrailleur il regarde les bagnoles passer - les blocs de béton comme un entonnoir avec les jeeps et les tours grises sous le ciel bleu jaune - le mur qui se découpe dans le soleil un soir de fin juillet - le mur dans le matin un jour d’aout - le mur avec le soleil bien chaud de midi et la sueur - les blocs de béton sur la route pour les villages chrétiens les postes de contrôle abandonnés une guérite un porte-drapeau des morceaux de béton le bitume - le mur au bord d’une colonie un peu plus au Nord le béton - les types qui te disent comme ça dans la nuit qui coulent le béton qui les enferme.

3. tu t’es dit qu’ils avaient peur mais qui avait peur - peur c’est ça tu avais peur - tu avais peur de quoi tu ne sais même pas quoi imaginer pour avoir peur - peut-être même qu’ils n’avaient pas peur du tout - qu’ils attendaient ça depuis un bout de temps - qu’ils boiraient un verre de thé ensemble si jamais c’était l’armée - ou bien qu’ils passeraient sans rien dire à côté et toi tu avais peur - tu avais terriblement peur dans le virage parce qu’il y’en a un qui a dit que c’était peut-être l’armée et que tu es bloqué dans ce mini-bus jaune - dans le dernier virage et parce que le soleil donne fort sur la tôle du petit camion et parce que tu ne sais pas de quoi tu as peur ou bien alors peut-être - les fusils mitrailleurs (4)

4. et dans le virage le soleil tombe et y’a la poussière et le taxi il dit c’est l’armée - dans le jaune jaune une jeep verte sort les deux phares jaunes - les fusils mitrailleurs.


[1(...) dans le dernier virage une fois plus de vingt minutes bloqués sans même voir pourquoi — la sueur dans le mini-bus jaune — le jaune même de la peinture du bus dans le reflet de la vitre d’une autre en face — et personne pour avancer — les types à l’intérieur marre d’attendre et puis y’en a un il dit c’est peut-être l’armée — encore — et ils ont commencé à s’agiter (...)

[2(...) comme un mur un long couloir avec le béton bien droit là le chauffeur de taxi il avait dit ça c’est le mur de séparation de l’autre côté ce sont des colonies — la tour de béton au checkpoint de Qalandia les peintures dessus toutes les unes sur les autres les tags immenses — le mur qui s’éloigne vers le Nord Ouest au checkpoint — la vue sur le mur qui serpente depuis les hauteurs au Sud de Ramallah et les tourelles de surveillances à espaces réguliers — le mur sous le soleil un vendredi matin c’était pas possible de passer le checkpoint les hommes de ce côté — les femmes de l’autre — le mur qui surgit là dans la nuit et l’odeur du tabac dans la bagnole — les blocs de béton au bord de la route certains c’est écrit dessus blanc sur le rouge — les tourelles de béton au bord de la route vers le Nord une de chaque côté — la petite tour en haut de la côte avant le checkpoint et une nuit le spot lumière sur la vallée — le long mur bien raide tout le long de la route — le mur avec le remblais de ce côté et quand tu marches à côté tu vois loin ce n’est même plus un mur il reste quoi sinon quelques centimètres de béton la poussière — la corde qu’ils ont accrochée là-bas pour passer au-dessus — les types dans la cabane de béton et ils disent entrez entrez mais il n’y a rien y’a pas de toit y’a pas de portes y’a presque pas de mur y’a juste un peu de béton alors on entre où — les morceaux de béton oubliés sur les bords de route et ceux qui bloquent les horizons bitume les morceaux de béton gris jaune et d’autres aussi ils sont bleus — les morceaux de béton tous bien alignés à ce carrefour et le type à l’intérieur derrière son fusil mitrailleur il regarde les bagnoles passer — les blocs de béton comme un entonnoir avec les jeeps et les tours grises sous le ciel bleu jaune — le mur qui se découpe dans le soleil un soir de fin juillet — le mur dans le matin un jour d’aout — le mur avec le soleil bien chaud de midi et la sueur — les blocs de béton sur la route pour les villages là-bas les postes de contrôle abandonnés une guérite un porte-drapeau des morceaux de béton le bitume — le mur au bord d’une colonie un peu plus au Nord le béton — les types qui te disent comme ça dans la nuit qui coulent le béton qui les enferme (...)

[3(...) tu t’es dit qu’ils avaient peur mais qui avait peur — peur c’est ça tu avais peur — tu avais peur de quoi tu ne sais même pas quoi imaginer pour avoir peur — peut-être même qu’ils n’avaient pas peur du tout — peut-être qu’ils attendaient ça depuis un bout de temps — qu’ils boiraient un verre de thé ensemble si jamais c’était l’armée — ou bien qu’ils passeraient sans rien dire à côté et toi tu avais peur — tu avais terriblement peur dans le virage parce qu’il y’en a un qui a dit que c’était peut-être l’armée et que tu es bloqué dans ce mini-bus jaune — dans le dernier virage et parce que le soleil donne fort sur la tôle du petit camion et parce que tu ne sais pas de quoi tu as peur ou bien alors peut-être — les fusils mitrailleurs (...)

(...) et dans le virage le soleil tombe et y’a la poussière et le taxi il dit c’est l’armée — dans le jaune jaune une jeep verte sort les deux phares jaunes — les fusils mitrailleurs (...)