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Dans le bruit la poussière et le vent

jeudi 29 août 2013, par sebmenard

proposition 3 : les choses qui arrivent forment les choses qui sont là


Dans le bruit la poussière et le vent — personne pour écouter sur sa charrette ce qui se dit — là-bas — qu’importe en fait que dans les haut-parleurs d’une vieille bagnole on entende grésiller une voix — de temps à autre ça coupe et puis rien.

Une centaine d’entre eux a quitté dans la nuit un site classé où ils étaient installés — une voix dit au grand dam des autorités — un autre se lève et dit : formons des associationsportons plainte — auprès de qui sur le col dans le bruit la poussière et le vent les bottes en caoutchouc d’un homme couinent couignent sueur — d’autres déversent immondices et rage pour en finir avec cette guerre des tranchées et puis rien.

Le pays est en solde — il n’y aura bientôt plus grand chose — tentons la chance à l’Est — un type assis devant son barbecue grille des viandes hachées en causant seul — peut-être qu’une vieille femme ou bien un homme est à côté qui veut bien faire semblant de l’écouter — et l’autre continue de parler qui ferait comme une radio dans sa bouche et dans ses yeux — il parle de trois transferts importants et du nom d’un ballon — il dit que la population a baissé et que les terres agricoles disparaissent — il dit que les contrats sont signés et que ça ne changera rien — il dit que les viandes hachés continueront de cuire et les eaux-de-vie continueront de bouillir et puis rien.

Alors — le héros de quelle histoire pourrait arriver sur le col de Borşa pour y pleurer peut-être ou bien rire de ce qui se disait ce jour-là dans les journaux — un autre alors raconterait l’histoire d’un gars qui préférait traverser les États — dans son vieux camion plutôt que de s’asseoir et regarder les autres passer sur la route — un autre encore raconterait l’histoire des camions qui fatiguent un continent pour charrier les plastiques de l’Europe — on entendrait aussi l’histoire des billets passés d’une main à l’autre pour des rêves idiots — alors le héros de quelle histoire pourrait dire sur le col de Borşa par exemple qu’il préfère parfois éteindre le poste et regarder la vallée comme ça et puis rien.

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