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Notre désir de tendresse est infini

samedi 15 novembre 2014, par sebmenard

Infini.


Notre désir de tendresse


est infini.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est


la caresse 
d’un vent d’hiver


sur la courbure 
d’une colline.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est


une main qui passe


dans les branches


des arbres


gelées


matin de novembre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est


la caresse d’un souffle sur les herbes


vert vert


couchées


à flanc d’un mont fertile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est le souffle


directement posé là


sur les poussières sous nos pas


sous les pieds nus de ce gamin qui marche


en riant.

 

C’est la peau des mains d’un musicien


quand il vient faire


chanter son instrument


comme on écrit un poème comme on sème des graines


au printemps


les matins quand des nuages


blancs


s’échappent


de nos bouches.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est le bruit des pas d’un ours ou d’un homme dans la neige fraîche une nuit — pleine de mots.

Écoutez.

Cet homme


il dit


la même chose


exactement

la même chose.

Notre désir


de tendresse


est infini.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le défilement des compteurs automobiles — le temps de l’appuiement des accélérateurs — sur les portes des shops ouverts la nuit — sur la peau de ceux qui tiennent encore — sur les écrans de nos machines — sur les gouttes de flottes qui s’écoulent contre nos peaux une nuit où nous étions restés pour raconter des histoires — sur les relevés de nos comptes en banque — sur les mottes de terre rabattues sur un pot chargé du butin — sur les mains de cet homme qui soulève quelques fruits — contre ses ongles et terre — sur nos factures dématérialisées — sur les bouchons des bouteilles contenant les liquides de nos folies — sur nos voix un soir tard qu’on s’imaginait poète — sur nos cris une nuit qu’on s’envoyait en l’air — sur nos souffles un dimanche après-midi passé à conduire le lit de nos tremblements — la tendresse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un jour un ours dit :

Notre désir de tendresse 
est infini.

Une nuit un homme répond :

Notre tendresse pour le désordre
 est infinie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est le passage régulier d’une couleur à l’autre sur les traffic lights de nos errances. C’est le souvenir incapable d’une frontière passée du regard d’un homme — du nom d’une femme. C’est le rythme lent d’une basse qu’on croyait impossible. C’est le dénouement des langues à la fin d’un jour qu’on imaginait terminé — épuisé. Et alors on dit :

Notre désir de tendresse est infini.

Sur nos écrans portables sur les clefs de nos cabanes sur — les feux qu’on allume certaines nuits pour s’assurer qu’on existe encore — sur les routes qu’on épuise pour vérifier qu’elles ont une fin — sur les couvertures de nos corps sur les cabanes qu’on dessine dans nos têtes et sur nos carnets — dans l’épuisement des gommes de nos pneumatiques — dans la vibration de la membrane du haut-parleur de nos nuits — dans l’ondulation d’un corps une nuit qu’on s’était dit je serai danseur — dans le cuivre d’une trompette un jour qu’on s’était dit je serai poète — dans le tremblement du manche d’une pioche un jour qu’on s’était dit je serai piocheur — dans la voix d’un homme loin un jour qu’on s’était dit j’y vais : la tendresse.

Notre désordre pour la tendresse 
est infini.

Sur les murs des villes — contre les trottoirs — dans le roulis d’un train qui file dans la nuit — sur les sièges poussière des bus qu’on emprunte pour un ride qu’on n’appelle pas — sur le distributeur automatique des billets de nos aventures : la tendresse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors — une nuit une lune dit a celui qui marche seul :

Votre besoin d’infini
 est une tendresse.

Un autre qui passait là note :

Notre désordre est une tendresse
 infinie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la caresse d’une eau froide contre les pierres d’un torrent de montagne — dans la souplesse d’un corps au réveil des nuits passées dans les champs au pied des montagnes — dans les mots qu’on mélange au grésillement des radios de nos humeurs — dans les cris des gosses qui construisent la cabane de nos rêves — dans le souffle du diésel qui conduit la route de nos sueurs — dans les poils des tenues qu’on porte aux occasions de nos traversées — dans les mots qu’on tient à peine les jours où on essaie de parler encore un peu écroulés de nos vies tendresse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre désir de tendresse
 est infini désordre et caresse notre désir de tendresse
 est inconsolable
 et chaud.