journal permanent | 9 juin 2015

85km.
Chevenon — Pierrefitte/Loire.
Temps variable : beaux nuages et traits de soleil – on a longtemps cru à une averse ou un orage – en réalité rien n’a jamais senti la pluie vraiment.

Au réveil on se dit qu’on a les meilleurs bivouacs comme ça – quand on roule et qu’on se trouve des coins où personne ne vient — les eaux s’écoulent à côté et il y a des bêtes au loin – la veille on avait mis du foin sur les bords de la tente et le vent ne passait pas – plus tard on affone des routes droites et bitumes – on pense à ce type qui disait _route 66_ et qui faisait un signe avec sa main – ses yeux comme ils étaient – en arrivant dans un autre bled on trouve de la viande séchée – un port une tireuse une machine à café une table de l’eau de l’ombre – on regarde les baraques et les bateaux – on regarde tout – intensément.

Images : l’autre jour il y avait cette grande plante aux feuilles poils blancs et fleurs jaunes – c’est pas pour la plante – c’est plutôt pour ce qu’elle a de dressée là comme ça au bord d’une route – autour les herbes jaunes sèches déjà – enfin j’ai repensé à ce truc qui vient (c’est pas grave le temps) (c’est pas grave les milliers de bornes) : prendre le temps d’isoler vraiment les choses – ce qui doit être vu.

Écrire : j’écris à l’oral – je veux dire c’est comme ça très exactement : ça se dit et c’est comme ça – parfois il faut écrire d’autres choses autrement et c’est difficile – parfois à la fin d’une lecture (c’est arrivée à Rouen) (j’aimerais que ça arrive encore) – quelqu’un dit c’est très oral quelqu’un dit il y a des fautes c’est écrit comme on parle – j’aime entendre ça.