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C’était les nuits

samedi 2 avril 2011, par sebmenard

**seconde version

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C’était les nuits [1] — à Ramallah les étoiles sont vert bleu [2] et dans le frais des nuits les bagnoles filent il y a l’appel à la prière il y a les cartes qui tombent [3] sur le béton — l’odeur du narguilé et les immeubles vides on dirait des fantômes de béton noir noir [4].


**première version

c’était les nuits (1)- à Ramallah les étoiles sont vertes bleues (3) et dans le frais des nuits les bagnoles filent il y a l’appel à la prière il y a les cartes qui tombent sur le béton (5) - l’odeur du narguilé et les immeubles vides on dirait des fantômes de béton noir noir (8)

1. c’est parce qu’il fait chaud - il fait chaud à Ramallah et pourtant tous ils disent qu’il fait frais - ils ont des baraques à Ramallah parce qu’il fait frais parce que c’est déjà les montagnes - ils ont des baraques à Ramallah et une autre à Jérusalem parce que c’est des problèmes - avoir seulement une maison à Ramallah (2)

2. tu te souviens c’était un taxi elle venait de partir elle avait un avion on avait négocié la course parce qu’il restait pas beaucoup de shekels - la voiture était partie dans le jour qui tombe et tu parlais avec un chauffeur de taxi - il t’avait dit il n’a pas de maison à Ramallah c’est trop cher d’avoir deux maisons mais il va souvent à Ramallah - une fois par semaine le samedi matin il va au marché à Ramallah c’est deux fois moins cher qu’ici - avant il avait une maison à Ramallah mais c’était cher d’avoir deux maisons alors il a vendu - il aurait préféré habiter à Ramallah mais ça pose des problèmes d’avoir seulement une maison à Ramallah

3. tu te souviens un soir tu étais venu seul ici - sur le toit de cet immeuble - tu aimais bien venir sur le toit de cet immeuble - la vue est assez bonne et le soleil se couche là-bas - il y a les bruits de la ville du soir il y a le café en bas les types qui parlent - il y a les bidons noirs tous pleins de flotte (4) pour les douches il y a les tuyaux les fils de fers quelques antennes - il y a le vent frais et un type il vient il porte ses haltères ça dure trente minutes et puis il s’en va

4. une autre nuit les étoiles étaient là qui nous regardaient avec deux petits sauts on prenait l’eau dans un bidon et on l’emmenait dans un autre - c’était plus simple que refaire les branchements et l’eau était coupée depuis le jeudi déjà

5. tu jouais aux cartes - tu n’as jamais vraiment aimé jouer aux cartes mais à Ramallah tu jouais aux cartes - il y a quelques bières à côté des paquets de clopes et les cartes qui tombent sur le béton - en bas de l’immeuble ils font pareil - ils jouent aux cartes au tric-trac ils parlent et la télé (6) parle aussi accrochée au mur

6. un soir ils étaient tous combien une cinquantaine les chaises toutes alignées dans le même sens vers le télé et ils étaient là silencieux parfois ils criaient dans le noir - la fumée des narguilés l’odeur des cafés montent jusque là - sur le toit de l’immeuble (7)

7. après tu marchais dans les rues de Ramallah les étoiles aussi portaient des drapeaux les bagnoles fonçaient qui klaxonnaient dans les rues les types étaient là qui chantaient qui allumaient les mèches de leurs pétards les rideaux en fer fermés devant les magasins

8. il y a un immeuble il est plus haut encore que celui-là - peut-être douze étages - ils sont pleins à Ramallah qui montent bien droits bétons le jour - quand le soleil donne plein dessus les fenêtres vides c’est des mondes étranges à l’ombre - la nuit ils sont noirs qui montent raides et ce sont des fantômes de béton noir noir.


[1(...) c’est parce qu’il fait chaud — il fait chaud à Ramallah et pourtant tous ils disent qu’il fait frais — ils ont des baraques à Ramallah parce qu’il fait frais parce que c’est déjà les montagnes — ils ont des baraques à Ramallah et une autre à Jérusalem parce que c’est des problèmes — avoir seulement une maison à Ramallah (...)

(...) tu te souviens c’était un taxi elle venait de partir elle avait un avion on avait négocié la course parce qu’il restait pas beaucoup de shekels — la voiture était partie dans le jour qui tombe et tu parlais avec un chauffeur de taxi — il t’avait dit il n’a pas de maison à Ramallah c’est trop cher d’avoir deux maisons mais il va souvent à — une fois par semaine le samedi matin il va au marché à Ramallah c’est deux fois moins cher qu’ici — avant il avait une maison à Ramallah mais c’était cher d’avoir deux maisons alors il a vendu — il aurait préféré habiter à Ramallah mais ça pose des problèmes d’avoir seulement une maison à Ramallah (...)

[2(...) tu te souviens un soir tu étais venu seul ici — sur le toit de cet immeuble — tu aimais bien venir sur le toit de cet immeuble — la vue est assez bonne et le soleil se couche là-bas — il y a les bruits de la ville du soir il y a le café en bas les types qui parlent — il y a les bidons noirs tous pleins de flotte pour les douches il y a les tuyaux les fils de fers quelques antennes — il y a le vent frais et un type il vient il porte ses haltères ça dure trente minutes et puis il s’en va (...)

(...) une autre nuit les étoiles étaient là qui nous regardaient avec deux petits sauts on prenait l’eau dans un bidon et on l’emmenait dans un autre — c’était plus simple que refaire les branchements et l’eau était coupée depuis le jeudi déjà (...)

[3(...) tu jouais aux cartes — tu n’as jamais vraiment aimé jouer aux cartes mais à Ramallah tu jouais aux cartes — il y a quelques bières à côté des paquets de clopes et les cartes qui tombent sur le béton — en bas de l’immeuble ils font pareil — ils jouent aux cartes au tric-trac ils parlent et la télé parle aussi accrochée au mur (...)

(...) un soir ils étaient tous combien une cinquantaine les chaises toutes alignées dans le même sens vers le télé et ils étaient là silencieux parfois ils criaient dans le noir — la fumée des narguilés l’odeur des cafés montaient jusque là — sur le toit de l’immeuble (...)

(...) après tu marchais dans les rues de Ramallah — les étoiles aussi portaient des drapeaux les bagnoles fonçaient qui klaxonnaient dans les rues — les types étaient là qui chantaient qui allumaient les mèches de leurs pétards — les rideaux en fer fermés devant les magasins (...)

[4(...) il y a un immeuble il est plus haut encore que celui-là — peut-être douze étages — ils sont pleins à Ramallah qui montent bien droits bétons le jour — quand le soleil donne plein dessus les fenêtres vides c’est des mondes étranges à l’ombre — la nuit ils sont noirs qui montent raides et c’est des fantômes de béton noir noir (...)