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"Nobody ask me"

vendredi 6 novembre 2015, par sebmenard

On a fini par arriver dans le jardin d’un type et coincé entre un chemin de fer une usine et une décharge. Son jardin n’était pas si mal et les arbres faisaient un petit monde bien fermé là autour de nous et c’était assez pour une histoire.

Le gars il a voix — une voix douce aiguë quand il parle en français en anglais et une grosse voix pour sa langue à lui — ça nous fait sourire mais personne ne lui dit.

Sur la table il met du chou à la Cluj — mais ça n’a rien à voir avec le véritable chou à la Cluj il précise — nous on est affamés et on avale son chou comme ses histoires et ça nous va bien.

Il a beaucoup d’histoire et son nom suffirait : c’est Romulus.

Dans sa main il a du vieux vin et de l’eau-de-vie — il raconte des hivers sur les bateaux ou encore sa femme en Allemagne pour s’occuper des vieux laissés seuls et le mot Alzheimer — ce monde se vautre on pense et lui aussi.

Sa plus belle histoire elle répète de nombreuses fois « nobody ask me » en anglais dans le texte — et comme on aime les histoires qui se répètent et les gimmicks aussi on la note dans un carnet invisible.

C’était à une autre époque quand il fallait aller faire des camps des feux de bois et des chants pour le parti — il n’y allait pas Romulus et quand le secrétaire du village lui demande pourquoi ça se termine comme ça : « nobody ask me ».

C’était à une autre époque quand il fallait faire ses comptes et payer ses taxes pour le parti il ne le faisait pas Romulus et quand le secrétaire du village lui demande pourquoi ça se termine comme ça : « nobody ask me ».

Ça se termine toujours par : « nobody ask me » ses histoire en fait et on finit par s’endormir dans le jardin de ce type avec cette phrase en tête tout comme la promesse d’une soupe et d’une connexion internet à notre réveil — on achète notre sommeil contre peu de chose n’est-ce pas — d’autant qu’on y croyait vraiment — à l’apparition de notre héros.

Je ne sais pas si les mots suffisent pour dire une histoire dans le genre — c’est beaucoup mieux à vivre en vrai dans le monde véritable de l’histoire ce truc du « nobody ask me » — et cette voix qui répète toujours la même chose — on ne sait plus qui est quoi et où est notre histoire.