J’ai l’idée d’un train

J’ai l’idée d’un train.

Un train pour chaque jour.

Nous — on accepte de dormir dans un train.

Et l’essentiel : disposer d’une table et d’une prise.

J’ai l’idée d’une connexion wi-fi dans le train.

Et on va comme ça.

Si c’est un pays : on le parcourt dans ses grandes lignes — on suit de grandes directions — traversée de territoires.

Si c’est une une région : aller dans chaque petite gare — emprunter chaque ligne — faire des relevés — se laisser aller à de petites découvertes.

Un continent : du souffle — de l’embrasement (il faut oublier — oublier ce qu’on manque — ce qu’on ne voit pas) — de l’épuisement — c’est une autre dimension - traverser un continent est exaltant — et rêver ce qu’on ne voit pas.

Pas besoin de la vitesse : pris des trains très lents et d’autres rapides — toujours plus facile d’écrire dans les trains lents — plus facile de prendre en note — plus facile de rêver — de partir — de s’autoriser des détours en pensée (souvenir de ce train entre Casablanca et Marrakech il y a presque dix ans maintenant — et la poussière qui s’engouffre par les portes ouvertes).

Penser le ravitaillement : organiser la boisson et le repas — le sommeil.

Être toujours à bord : seulement si le service est de qualité — nourriture propre et saine — ou alors partir d’un lieu et rayonner autour.

L’histoire dont j’ai l’idée alors — qu’elle se détache du mouvement.