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Allongée dans un canoë
samedi 16 janvier 2016, par
or donc
ce jour-là
sur la route de l’est (surprise)
et quelques centaines de mètres
avant de rencontrer celui qui roule en fixie depuis Prague
j’ai eu la vision d’une femme
une femme allongée dans son canoë
et alors elle file sur l’eau
vers l’est
forcément
le fleuve est large
et il fait chaud
il fait très chaud
près de quarante degrés
il y a cette sorte de vapeur ou de brume
à la surface de l’eau
et tout le ciel est blanc
mais pourtant
on distingue ce canoë
et qui file chargé vers l’est
forcément
ce n’était pas une vision
c’était là
que cherchait-elle ?
vers quelles plaines filait-elle ?
quoi dans ses bagages ?
pourquoi s’allonger comme ça dans un canoë
et se laisser filer vers l’est ?
nous on a continué notre route
notre route de l’est
forcément
et notre monde s’est reconstruit
là
dans ce chemin
Je ne sais pas pourquoi — je cherche toujours à ce que chaque instant permette l’entière recomposition du monde — j’ai cette phrase de Pessoa (Alvaro de Campos) : « et l’univers s’est reconstruit pour moi sans idéal ni espérance, et le patron du Bureau de Tabac a souri ». Ce qu’il faudrait c’est l’entière recomposition des histoires qu’on écrit et qui ne racontent rien — forcément.