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Dubost, Jean-Pascal | Continuation de détails

dimanche 16 octobre 2016, par sebmenard

Continuation de détails

 « Puis un quotidien prétendu de chaque jour ou presque affiche la tête de son adversaire, ce qui est un comble, et c’est incroyable, on se noie dans ce qui se publie dans la micro-édtion, tiens, tous ces fanzines micro-underground publiés à compte d’auto-édition rend la médiocrité si prolifique qu’il faut désherber ! désherber ! désherber ! au grand dam des gardiennes du Change ; où Bernard (mais ce n’était pas loin) suggérait de déveloper ses idées : la poésie c’est le métier qui contient tous les métiers ; quelle belle journée, même si les chances de la candidate s’amenuisent, au point que ce midi en terrasse une bavette regarde les gens passer en buvant du vin rouge prennent plaisir à la terrasse au soleil, frites et tendresse, voix rauque et vin rouge, et à sa façon de saucer comme s’il ne fallait pas perdre l’instant : lisant Donnant Donnant en attendant d’être servi par une tonalité hölderlienne, la poésie, comme la plus large des activités humaines, parce que toutes les métaphores ministérieuses y sont actives (fondeur, jardinier, paysan, boucher, coiffeur, plombier, mécanicien…), la poésie pose le 16 février : mais qu’est-ce qu’une activité humaine ; procéder aux premiers semis. »

(pp. 30-31)

 « L’idée et l’action de fabriquer de la terre requièrent beaucoup d’attention et d’intérêt, l’élaboration d’un compost : le tas est là, avec mélanges de fumier de mule et de ponette, de crottin, de paille, de foin, de tontes, de déchets ménagers, de marc de café, de feuilles de chêne, de fruitiers, d’érables, de fleurs fanées, d’orties, de cendre de bois, de fruits pourris, de fougères, d’algures, de coquilles d’œufs, de crabes, de moules, d’huîtres et d’araignées broyées, rien ne se jette, tout se transforme, le compost est le théâtre des organismes vivants et microscopiques ; levures, champignons, bactéries, vers et larves biodégradent comme des chefs ; tas que mensuellement il faut retourner afin de favoriser l’aérobie ; essentiel pour aboutir à un compost de qualité qui par son aspect rappellera l’humus forestier ; aller parfois dans la forêt remplir des seaux de choses diverses qui s’y trouvent, écorces, bois pourri, trognons de pommes de pin, champignons, humus, laissées, feuilles de châtaigners, le compost à froid est une possibilité choisie, et souvent pisser dessus, parfois verser du purin d’ortie, qu’au mépris de la loi on fabriquer soi-même, ça l’active et l’azote, et c’est un plaisir puissant que de ne pas voir évouluer les choses ; un composteur joyeux. »

p. 32

 « Comme un plant de tomate avait plié sous le vent, à la jardinerie, un spathiphyllum et des pieds de poirée blonde et impossible de résister malgré le nom savant latin de l’immortelle de curry, mais il pleut, ça va devenir de l’or bien qu’il y ait de la rouille sur les aulx, ça peut continuer, et comment ne pas faire autrement que dépenser son crédit de cinquante euros en livres dans ce texte qui n’est destiné à personne ; le fait est injuste ; bavardons toute la matinée dans les rues surtout de choses et autres et voilà qu’il fait très chaud et qu’Éric ne sait quoi faire de sa carcasse ; il faut partir en Vendée ; beaucoup de chenilles et beaucoup de limaces, cette année. »

pp62-63.

 « L’écologiste juge choquant et avec véhémence que le raz de marée plus que douteux d’un point de vue démocratique ne soit pas démocratique, le libéralisme est faux démocrate, et ce sera tout sauf Charles Reznikoff suite à mon insomnie, la poésie fait du monde un récitatif de son horreur, mais dans un rythme parmi les morts qui se tenaient par la main ; une voix entendue à la radio paraît venir de quelqu’un, belle claque, c’est le Rhône tourmenté qui curieusement requinque. »

p. 128


Dubost, Jean-Pascal, 2014, Continuation de détails, L’Âne qui butine.