diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > La réserve > Kerouac, Jack | Sur le chemin

Kerouac, Jack | Sur le chemin

mercredi 28 juin 2017, par sebmenard

 « Dans l’moi d’Octobre, 1935, (dans la nuit de nos vie bardasseuze) y’arriva une machine du West, de Denver, sur le chemin pour New York. Dans la mahcine etait Dean Pomeray, un soulon (wino) ; Dean Pomeray Jr. son ti fils de 9 ; et Rolfe Glendiver, son stepson, 24. C’était une vieille Model T Ford. Toute les trois avais leux yeux attachez ur le chemin dans la nuit a traver la windshield ; quand qu’il fermez leux yeux ils voyas le chemin s’enroulez, ligne blanche en plancer noire ; mais c’etait Rolfe qui driva tout le chemin. Les autres sava pas quy’ava le doigt de dormir en arriere sur les blankets et les coins de vites et les vieux suitecases degarouillez avec des cordes enlentour, s’il voula. »

p. 117

 

 

 

 « Le pere a Dean eta habillez en vieu impossiblement manger coat, et un vieu chapeau noire quon dira qui ava ramorcer sur le bord de la railroad track — un chapeau floppy, willnilly rolled by rain, comme — shroudy — comme un cowboy avec un oeil ; un tete pointu — Lui itou son nez eta rouge — tout sa face, rouge et triste — il parla dans une tite voi qu’on attenda presque pas. Yava des yeux bien bleu. Dans Denver des fois, quand Ti Dean resta chez les Glendivers pour assuragéz la conscience d’a veuve à Smiley Glendiver il resta dans une maison abandonnez en tour du viaduct de Denver ; il lisa des vieux pocketbook la qui trouva entre la marde de bum et des boutines, bouteilles, des morceau d’plancher d’la cabane. Y’eta un vrai bum impossible. On’s le voya du viaduct, il marcha tristement dans les immenses weed six pieds dans sa cour, ces tas de planches qul usa pas, le couvert d’un magazine dans sa main, triste comme un vieille boule dans l’disastre. »

p. 132

 

 

 

 « Ce n’est que huit ans plus tôt, en 1927, que Dean était né, à Salt Lake City ; à un moment où, pour une maudite raison quelconque, raison effrénée oubliée pitoyablement américaine, son père et sa mère venaient en machine d’Iowa à Los Angeles à la recherche de quelque chose, peut-être se disaient-ils qu’ils se partiraient une orangeraie ou se trouveraient un oncle riche, Dean lui même ne l’a jamais su, raison longtemps enfouie dans l’amas triste de la nuit, raison qui malgré tout en 1927 les amena à fixer de leurs yeux anxieusement et avec gorges suffocantes d’espoit le faisceau triste des phares maganés luisant brun sur la route… la route qui s’attristait dans le noir et la grosse nuit américaine incroyable comme une flèche. »

p.133

 

 

 

 « Dans ce pissoir pour tonedre les ivrognes nommé échoppe de barbier parce qu’on y coupait des cheveux de la pointe des oreilles jusqu’à la nuque le vieux Pomeray, dans le même embrouillage attendrissant avec lequel il transportait parfois des grosses poubelles aux camions de vidanges en pleines tempêtes et urgences ou qu’il passait des clés anglaises dans les garages automobiles les plus tragiques, encombrés, sombres de graisse de l’ouest du Mississipi (Arapahoe Garage s’appelait l’endroit où ils l’avaient même embauché), il marchait autour de la chaise de barbier sur la pointe des pieds avec ciseaux et peigne, rasoir et tasse puor s’assurer de ne pas trébucher, et coupait les cheveux des clochards aux cous noirs de saleté qui avaient des personnalités si démesurées et lugubres que parfois ils s’assoyaient tout raides comme au garde-à-vous pour le grand événement des heures entières. »

p. 137-138

 

 

 

« Des nuages géants des prairies s’amassaient et marchaient au-dessus de l’anxiété indescriptible de la surface de la terre où les hommes vivaient tandis que leur voiture se faisait petite dans l’immensité, rampait vers l’est comme une bibitte à patates sur des routes qui n’aboutissaient à rien. »

p.142

 

 

 

« Et il se metta les faces a la noirceur du chemin et viena, a travers Hartford apras gros du trouble, et descend a New York. C’etait un gros nuit dans leurs vies, c’etait leur premier trip ensemble a New York en machine ; le pere ava deja venu en Boston-New York boat, et une fois en train ; mais la c’etait le gros chemin, le tapis noire actuelle de la ville. »

p. 149

 

 

 

 « “(…) Bon. Ma ton ti drap alentours de tes genoux la pis d’or si té capable — m’a drivez droite a New York pis’ je parle pu.“
Et le ti gas dorma dans machine de l’eternité noire, que son père conducta a travers de la nuit. »

p. 163

 

 

 


Kerouac, Jack, 1952, Sur le chemin, in. La vie est d’hommage, Jean-Christophe Cloutier, Éditions Boréal, 2016.