c’était un beau grand vent — un beau grand vent — c’était un beau grand vent mouillé comme cela arrive parfois ici ou là — c’était un beau grand vent — un beau grand vent et les Blue Maqams volaient, volaient dans le noir, bleu, noir bleu noir de la nuit, novembre et bleu — ils volaient sur la phrase hésitante de cet homme — homme racontant les dizaines de pierres sculptées, détruites — détruites les pierres tout son travail éclaté, éparpillé, cassé, cassé par d’autres hommes d’autres frères « en errance » peut-être c’était un beau grand vent — un grand vent de novembre un grand vent bleu, jaune, nuit, lune — un beau grand vent sur les stations du chemin, c’était un beau grand vent sur le chemin des hommes traversant les frontières portant tirant cachant quelques kilos de pierre statues sauvées — statues sauvées beau grand vent sur la question ESSENTIELLE :
aurais-je du, moi aussi
apprendre la clarinette basse
le hautbois
ou encore
la viole de gambe ?
c’était un beau grand vent et tout fonçait, fonçait dans le dernier diésel de nos nuits
“ on a tous des sentiments au-dedans de nous (où exactement ?)
…
la poésie est l’expression la plus pure (comme une orange exprime du jus ?) de ce domaine intérieur.”
Ben Lerner, La haine de la poésie, éditions Allia.