ici, une, deux, trois femmes africaines ici, deux hommes du Pacifique ici, un voyageur de l’Europe ici, un Caucasien ici, et maintenant nous nous considérons entiers — les uns pour les autres béquilles les uns pour les autres humains, les uns pour les autres souffles, les uns pour les autres respirations — et personne ne sait ce qui fait surgir le poème sinon beaucoup de travail — et personne ne sait ce qui fait surgir le refuge puisque jamais au cours de l’histoire autant de gens n’ont été déracinés qu’à notre époque7 — c’est notre expérience essentielle mais les mots, les mots tu sais, ils filent dans la totalité du néant qui se recompose en un instant.
- John Berger, L’exil ↩︎