diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > Traces, poussières, surgissements, refuges > Chants | la poésie patiemment

Chants | la poésie patiemment

mercredi 9 octobre 2019, par sebmenard

la poésie patiemment
a dégraissé une chaîne de vélo
des pignons
un dérailleur
la poésie patiemment
a tourné la petite vis de tension
du dérailleur
pour trouver
la bonne indexation la poésie
a fauché l’herbe du potager
planté deux bâtons deux bâtons
pour des pois la poésie
et quinze fraisiers
ou de l’ail des ours la poésie
avec la même stupeur
découpe un morceau de tissu
ou des feuilles de mélisse
de la roquette sauvage
(graines ramenées de l’est lointain
LA TRANSYLVANIE)
du chou perpétuel
(une bouture de mon très cher
ami)
des feuilles de moutarde la poésie
qu’est-ce que c’est
la poésie c’est comme ça
qu’elle sauve le monde non
non la poésie ne sauve de rien
la poésie crie
elle ne fait que
crier
et encore 
elle crie dans son silence
c’est du silence crié la poésie du silence
crié

j’enfonce dans la jongle-jadis
aguirre d’un fleuve lent
les quais ! les quais !
sans nul or probable ou mythique

Roger Lahu, Les anguilles, Le dé bleu.