Ici, j’écris avec

Ici, j’écris — j’écris avec le nom des bêtes et la trace de leur passage dans le noir. J’écris avec le nom des fleuves, nom des vallées, nom des pierres, des sables, poussières — j’écris avec le nom des bassins versants. J’écris avec le nom des vents, le nom des lieux. Nom des outils. Noms des gestes. Façons de le faire. J’écris encore avec le nom des chemins, nom des clairières, nom des ravines, nom des sentes, nom des sites de rendez-vous. J’écris avec l’errance. Le nom de l’errance. J’écris avec ça. J’écris encore avec le noms des cris. Nom des chants. Nom des râles. Nom des souffles. J’écris avec le nom des vergers, des fruits, des vendanges et des conserves. J’écris avec le nom des glanages, nom des cueillettes, nom des collectes. J’écris avec le nom des pluies, nom des eaux, nom des abris, tanières. J’écris avec le nom des bois. Nom des arbres. Feuilles. Tiges. Écorces. Graines. J’écris avec le nom des inquiétudes, nom des bivouacs, nom des soulevés, nom des chairs, nom des voix, nom des attentes, nom des noms. J’écris encore avec le nom des sources. J’écris avec le nom des silences. Leur beauté blanche et vide. Ou pleine. Là. Ici. Maintenant. Déjà disparue. Revenue. Et qui file. Qui tourne. Qui coule. S’écoule.