journal permanent | 1er juillet 2021

c’est étrange mais
ce soir
la grive n’est pas
dans le grand noyer

c’est une vérité voilà
la grive n’est pas dans le grand noyer

et je ne l’entends pas
c’est une vérité voilà
je veux dire :
j’essaie de ne constater
que cela
de cette vision ou plutôt
de son absence
de l’absence de la grive
j’essaie de faire
avec
ou sans
avec la grande branche
du noyer
plein ouest
et sans grive et sans chant et c’est étrange
voilà mais
tous ces temps
je n’écris plus trop
de poésie voilà je veux dire
aussi
que je ne sais plus trop je n’ai
jamais su
« mais c’est quoi
au juste
la poésie ? »
c’est étrange tu vois
mais ces temps
il m’arrive
de me poser
« un peu moins »
la question
il m’arrive ces jours voilà
que je n’écris plus trop
pas beaucoup
enfin
peu que je garde
peu qui reste
là
comment dire
ça
je me demande comment
dire
oui voilà ces temps
sont un peu moins
écrits pourtant
je chante seul
sur mon vélo érrant
marchant
courant
bavant sous la pluie pissant même
parfois
et produit d’étranges
sons je cherche voilà
quelque chose en dedans en dehors
je ne sais voilà
ces temps je parle moins
j’écris peu
j’écris et « je ne suis rien
jamais je ne serai rien
je ne puis vouloir être rien
cela dit je porte en moi
tous les rêves du monde »
comme dit Fernando Pessoa
c’est vrai ces temps
j’écris peu
et je porte
toutes mes métamorphoses
et pourtant
je ne sais que faire de ça
je porte ça comme on porte du fumier
avec une grande fourche
et des silences paysans
d’accord
je porte aussi d’autres gratitudes
et j’essaie de tenir
avec tout ça
chaque soir j’aime la nuit
et j’ai envie d’autres demains

soir
tard

nuit

grosse journée pleine
pleine de choses fortes
d’écoute
de gratitudes
déceptions
frustrations
aussi

tout ça là qu’on porte