diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > journal permanent > journal permanent | 2021 > journal permanent | 2021-08 > journal permanent | 20 août 2021

journal permanent | 20 août 2021

vendredi 20 août 2021, par sebmenard

 « J’avais un sentiment de fatigue, les jambes lourdes, et commençais à avancer avec force, à sentir la pesanteur alternativement sur chaque pédale. Puis, dans ce fameux virage, j’ai eu une bouffée de fraîcheur à l’abri des arbres du bord de route. Il me semble encore voir les brins d’herbe et le feuillages onduler légèrement sous une légère onde. J’eus alors le sentiment, et cela me fit oublier l’effort dans lequel j’étais engagé, que la montagne m’ouvrait un repli d’elle-même, me prodiguait un soutien et s’adressait à moi. En un mot, j’eus le sentiment qu’elle m’accueillait. Je commençais alors à vivre la grimpe en n’étant plus seul, en n’étant plus en rapport avec du bitume et des pentes, mais avec un lieu comme habité, ou plutôt hanté d’une présence qui m’était favorable. Je vécus ce moment sur le mode d’un contrat passé avec la montagne, contrat que je ne pouvais rompre. Je n’étais plus seul mais avec elle, la montagne. La grimpe devenait notre relation, le moment privilégié de l’hospitalité offerte et reçue où se jouait notre rencontre. Je respirais amplement, ma tête n’était plus dans le guidon, car je devenais attentif à toutes les délicatesses de mon hôte : un vol de papillon, un bouquet de fleurs jaunes de pissenlits, un souffle de fraîcheur de bosquet, un vol d’oiseau… Ma préférence pour ce genre de signes allait aux bîches et, mais dans une moindre mesure, aux lièvres. En voir me remplissait d’assurance et de joie : j’étais sur le bon chemin, à la bonne cadence, dans le silence même qui sculpte la sonorité d’une montagne. »

récit de Yoann Moreau, p. 65 d’Arpenter le paysage de Martin de la Soudière, pour À l’abri :


Pierre Sansot : Du bon usage de la lenteur.


soir
jardins secs

fin de saison avant que


tout est jaune
et pourtant
je me perds en attente


maintenant que les jours s’effacent
je regarde
les graminées sèches
et les fruits noirs
mais c’est pour mieux
manger la poésie
NAN je rigole
je ne sais pas
ce que c’est
AU JUSTE
la poésie
et c’est pourquoi