diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > journal permanent > journal permanent | 2022 > journal permanent | 09-2022 > journal permanent | 9 septembre 2022

journal permanent | 9 septembre 2022

vendredi 9 septembre 2022, par sebmenard

à l’abri :

mais je n’ai plus peur de l’écrire : mon âme dans l’eau noire forcément noir noir de la la Mer Noire ou dans les bains d’eau chaude de Budapest — l’eau fraîche, limpide, claire, des premiers kilomètres du Danube vers Fridingen-an-der-Donau — même l’eau froide de la Méditerranée à Styra, Grèce — l’eau froide de la Méditerranée tu vois — un soir à Provadia Bulgarie pain huile ail et douche chaude c’était façon de faire tenir le monde — une autre fois une eau douce, tiède, verte, comme cette lumière étrange où nous autre les bêtes passons sans même le savoir — et puis Szolnok et tant d’autres c’est à chaque fois que le corps chercehr sa fontaine sauvage et même dans l’ocre-souffre d’une source de Varna, Bulgarie — l’eau froide, glaciale, d’une grande maison vide de Sofia au milieu d’un hiver — l’eau fraîche d’un puits des Carpathes et l’eau l’abri fontaine première le souvenir l’eau anonyme et partout car nous ne savons rien.


à l’abri :

quant à la parole c’est un doute et si souvent — pourtant je cours dans les mêmes souffles pendant des annérs — j’arpente avide les syntaxes et le silences — je m’abreuve à la source de l’eautre — déraisonné, répété, je me lanuge d’un verbe venu d’ailleurs et m’hésite, me tremble au récit — mâche — mâchonne — malaxe — comme on le fait de l’argile humide et avec les mains car, bien sûr, la matière me manque — alors je tombe en mélancolie — j’ai la nostalgie d’un état libéré de la nécessité d’une telle semaine — me fragmente en petits morceaux — assez petits pour y être bien — et prendre soin.


or le voyage sans idée de retour retourne tout le dedans de la panse pensante.


et toujours un chien passe et voir le chien c’est être chien — car le chien dans son silence rassure et guette — je me pisse en bête et deviens — j’hésite — transforme — recommence — aboie — chienne — chiale — gratte — jappe — la parole jappe — et reste aux aguets à chaque instant à chaque instant — renifle, hurle, halète, poils, puces, langue, baves — pattes en poussières et boue les griffes, meute, errant — pourtant c’est une vie de chien dit le poème — et le tambour aboie — car écrire c’est errer comme erre chien, c’est chienner — fuir sur la ligne d’odeur à la poursuite et sans complément — voilà : avec les chiens et quand ils viennent nous partageons un territoire pour la nuit — nous devenons, ensemble, animaux.