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conte : on avançait dans le brouillard
mardi 22 novembre 2011, par
[(Ce texte a été lu à 8 voix au studio des Abattoirs à Angers lors du projet Curiositas en avril 2012.)]
2troisième version2
on avançait dans le brouillard — on avançait on avançait dans le brouillard
les routes c’était des langues d’asphalte gris gris glace on les voyait à peine on avançait dans le brouillard
il n’y avait rien (ou bien — on ne voyait rien)
on avançait dans le brouillard à la recherche de quoi
on cherchait quelque chose et c’était fog — on avait ce mot-là en bouche on parlait une autre langue peut-être on disait fog peut-être
qu’est-ce qu’on cherchait qu’est-ce qu’on attendait (mais on avait pas de questions)
on avançait dans le brouillard et les choses étaient là dans le gris blanc — on avait en bouche un goût humide on avait en bouche une purée et c’était gris blanc
de temps à autre un animal on entendait un animal — c’était un âne il criait dans sa plaine et on l’entendait souffler — on avançait dans le brouillard et on pensait qu’il était là qu’il était proche tout proche (peut-être il n’y avait rien)
la terre la terre — quand on voyait la terre — c’était de la poussière c’était de la poussière froide et on posait nos pieds dedans et nos traces s’effaçaient tout de suite nos pas — on ne savait pas où allaient nos pas
on parcourait des routes elles n’avaient pas de fin elles ne commençaient pas — on traversait des champs et la terre était ouverte et raide — les lacs étaient gelés à peine — immobiles
de temps à autre à travers le brouillard on découvrait un tas de bouteilles vides et plastiques
à un moment — un homme est passé peut-être c’était un homme — il avançait dans le brouillard il est apparu il a filé il a disparu dans les arbres ils étaient blancs et gelés
on entendait des voix on entendait des voix dans le brouillard on entendait un homme taper contre la terre et on entendait un homme parler — il parlait fort — on ne le voyait pas on ne voyait rien
sur la peau des arbres certains avaient inscrits des signes c’était de la peinture rouge et blanche et on avait vu d’autres signes au bord d’un fleuve — certains avaient tracé des mots dans le sable et les oiseaux filaient noirs dans le ciel
le fleuve — on en voyait quelques mètres l’eau était encore plus chaude que l’air l’eau était plus chaude que le brouillard
on avançait
quand une feuille tombait gelée on aurait dit un pas c’était peut-être une bête
dans le brouillard on voyait apparaître des restes de feux des morceaux de bois calcinés des morceaux noirs
on avançait dans le brouillard on avançait sans fin
et nos pas dans la poussière ne faisaient aucune trace
2seconde version2
on avançait dans le brouillard - on avançait
on avançait dans le brouillard
les routes c’était des langues d’asphalte gris gris glace
on les voyait à peine on avançait dans le brouillard
il n’y avait rien (ou bien - on ne voyait rien)
on avançait dans le brouillard à la recherche de quoi
on cherchait quelque chose et c’était fog - on avait ce mot-là en bouche on parlait une autre langue peut-être on disait fog peut-être
qu’est-ce qu’on cherchait
qu’est-ce qu’on attendait
(mais on avait pas de questions)
on avançait dans le brouillard et les choses étaient là dans le gris blanc - on avait en bouche un goût humide on avait en bouche une purée et c’était gris blanc
de temps à autre un animal on entendait un animal - c’était un âne il criait dans sa plaine et on l’entendait souffler - on avançait dans le brouillard et on pensait qu’il était là qu’il était proche tout proche (peut-être il n’y avait rien)
la terre la terre - quand on voyait la terre - c’était de la poussière c’était de la poussière froide et on posait nos pieds dedans et nos traces s’effaçaient tout de suite nos pas - on ne savait pas où allaient nos pas
on parcourait des routes elles n’avaient pas de fin elles ne commençaient pas - on traversait des champs et la terre était ouverte et raide - les lacs étaient gelés à peine - immobiles
de temps à autre à travers le brouillard on découvrait un tas de bouteilles vides et plastiques
à un moment - un homme est passé peut-être c’était un homme - il avançait dans le brouillard il est apparu il a filé il a disparu dans les arbres ils étaient blancs et gelés
on entendait des voix
on entendait des voix dans le brouillard on entendait un homme taper contre la terre et on entendait un homme parler - il parlait fort - on ne le voyait pas on ne voyait rien
sur la peau des arbres certains avaient inscrits des signes c’était de la peinture rouge et blanche et on avait vu d’autres signes au bord d’un fleuve - certains avaient tracé des mots dans le sable et les oiseaux filaient noirs dans le ciel
le fleuve - on en voyait quelques mètres l’eau était encore plus chaude que l’air l’eau était plus chaude que le brouillard
on avançait
quand une feuille tombait gelée on aurait dit un pas c’était peut-être une bête
dans le brouillard on voyait apparaître des restes de feux des morceaux de bois calcinés des morceaux noirs
on avançait dans le brouillard on avançait sans fin
et nos pas dans la poussière ne faisaient aucune trace
2première version2
on avançait dans le brouillard - on avançait on avançait
on avançait dans le brouillard
les routes c’étaient des langues d’asphalte gris gris et glace - on les voyait à peine on avançait dans le brouillard
il n’y avait rien
ou bien on ne voyait rien
on avançait dans le brouillard - à la recherche de quoi on avançait on avançait
on cherchait quelque chose et c’était fog
on avait ce mot là en bouche on parlait une autre langue peut-être on disait fog peut-être
qu’est-ce qu’on cherchait
qu’est-ce qu’on attendait
(on n’avait pas de questions)
on avançait dans le brouillard et les choses étaient là dans le gris blanc - on avait en bouche un goût humide on avait en bouche une purée et c’était gris blanc
de temps à autre un animal on entendait un animal - c’était un âne il criait dans sa plaine et on l’entendait souffler souffler - on avançait dans le brouillard et on pensait qu’il était là qu’il était proche tout proche
peut-être il n’y avait rien
la terre la terre quand on voyait la terre - c’était de la poussière c’était de la poussière froide
on posait nos pieds dedans et nos traces s’effaçaient tout de suite nos pas - on ne savait pas où allaient nos pas
on parcourait des routes elles n’avaient pas de fin elles ne commençaient pas - on traversait des champs et la terre était ouverte raide - les lacs étaient gelés à peine ils étaient immobiles
de temps à autre à travers le brouillard on découvrait un tas de bouteilles vides un tas de plastique
on avançait on avançait dans le brouillard
un homme est passé peut-être c’était un homme peut-être - il avançait dans le brouillard il est apparu il a filé il a disparu dans les arbres ils étaient blancs ils étaient gelés
on entendait des voix
on entendait des voix dans le brouillard on entendait un homme taper contre la terre on entendait un homme parler il parlait fort
on ne le voyait pas on ne voyait rien
sur la peau des arbres certains avaient inscrits des signes c’était de la peinture rouge et blanche
on avait vu d’autres signes au bord d’un fleuve (c’était sans doute un fleuve) - certains avaient tracé des mots dans le sable et les oiseaux filaient noirs dans le ciel
le brouillard était partout
le fleuve on en voyait quelques mètres l’eau était encore plus chaude que l’air l’eau était plus chaude que le brouillard
on avançait on avançait
quand une feuille tombait gelée on aurait dit un pas c’était peut-être une bête
dans le brouillard on voyait apparaître des restes de feux des morceaux de bois brûlés calcinés des morceaux noirs
on avançait dans le brouillard on avançait sans fin
et nos pas dans la poussière ne faisaient aucune trace