Imaginons un train — c’est une longue machine lourde et puissante — ce qu’on ressent c’est le fer — le poids du fer sa force — à l’intérieur ça sent la poussière la graisse chaude et les huiles — entre deux wagons ça sent la sueur la bouffe et la pisse — imaginons le paysage : une vaste plaine sur plusieurs centaines de kilomètres — fertile — recouverte de céréales ou bien parcouru par les bêtes — de temps à autre une longue et large langue de bitume semble tracer une voie éphémère dans cette plaine — à (...)
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Acolo
Articles
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Acolo | 15
27 septembre 2013, par sebmenard -
journal permanent | 18 septembre 2013
18 septembre 2013, par sebmenardPurée de piments.
Photographie — remarqué ceci : j’essaie généralement d’obtenir une image convenable (ce mot a-t-il un sens) dès la sortie du boitier — j’aime assez lorsque le post-traitement à apporter est minimum — une augmentation de la netteté et des contours sur le fichier RAW semble l’essentiel.
Levé plus tard : pas eu ce temps d’apparition des mots de la série Acolo — pas eu le train et le reste de la nuit dans le corps pour que ces mots apparaissent — surprenant comme cette série — pourtant (...) -
Acolo | 9
19 septembre 2013, par sebmenardLe quai de gare en béton rincé cassé usé les chiens errants entre les rails entre les eaux — une fontaine rouillée un type sa casquette bleue le claquement des wagons sur le pont tout le long — en entrepôt sans toit un magasin mixt et sur la vitre les paquets de chips de gâteaux les canettes en métal — sur la route en bas un camion son poids sur le bitume une baraque rouge rouge et son toit de zinc une femme et sa charrette en bois un type est là qui est assis sur les marches et il tient des sacs (...)
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Acolo | 12
23 septembre 2013, par sebmenardUn jour c’est tout blanc — c’est devenu froid et blanc c’est devenu l’hiver le plein hiver des neiges et des gobelets chauds qu’on boit à l’abri contre les vieilles baraques — ses pas dans la neige font les mêmes traces que chacun fait alentour — ses pas dans la neige se perdent avec les autres et plus personne pour savoir qui a marché là — qui a posé son pied là — qui a fait cette empreinte là — il arrive même que la neige qui ne s’arrête que par intermittence vienne recouvrir leurs traces — il arrive même (...)
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Acolo | 11
21 septembre 2013, par sebmenardLa voiture traverse le village dans toute sa longueur — elle passe les maisons en couleurs les ruelles de terre et poussière elle passe le pont ferroviaire — elle continue tout droit elle remonte plein Nord mais on ne sait pas que c’est le Nord — elle traverse le quartier du Sud et on ne sait pas que c’est le Sud — elle passe près de la gare et il est là — elle continue elle longe la rue principale devant la maison de la culture elle ralentit — et il est là qui casse des graines de tournesol entre (...)
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Acolo | 17
3 octobre 2013, par sebmenardUn jour on entend au loin des trompettes on entend une ou deux percussions on entend des pas sur le bitume le moteur d’un pick-up au ralenti — un jour on voit un groupe des hommes et des femmes des enfants derrière une croix qui marchent et c’est au son d’une trompette d’une fanfare — un jour on entend quelques personnes marcher dans le froid d’une fin d’hiver à l’arrière du pick-up un homme est mort qui est allongé là — à côté sur le bord un homme est seul sur une pierre qui ne répète rien — le cortège (...)
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Acolo | 10
20 septembre 2013, par sebmenardIl est debout dans l’ombre il est là dans ses fringues c’est des loques — il a une casquette publicitaire rouge jaune il a une chemise ouverte il a une veste de costard où l’a-t-il trouvé où vit-il dans ses pieds c’est des morceaux de plastiques usés — il est debout dans l’ombre et fait avec sa bouche des mouvements de petits mouvements peut-être qu’il répète des mots peut-être qu’il s’applique à prononcer des mots mais alors — c’est quoi ces mots — il est debout dans l’ombre contre un mur il articule en (...)
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Acolo | 1
11 septembre 2013, par sebmenardIl ne se passe rien — un homme est assis seul sur une pierre qui répète dans sa langue "il est parti" et rien — alentour dans toute la plaine c’est la plaine très exactement — la plaine — rien que la plaine.
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Un homme est seul assis sur une pierre qui répète dans sa langue : "il est parti" — un homme est seul assis sur une pierre qui crie dans sa langue "il est parti" — il gueule dans sa langue "il est parti" — et il insiste comme ça sur dernière syllabe du dernier mot — "a plecat" — graines de (...) -
Acolo | 5
15 septembre 2013, par sebmenardDes voix sous les néons blancs des verres de vin — le sol crasse le sol jaune brun des tissus sur les murs des tissus blancs sur les murs et la poussière — une odeur de bois sec sec une odeur de tabac froid et d’alcool aussi les cordes d’une guitare et la sueur — des feuilles vertes cuites du choux — du choux blanc vert dans des assiettes — des types des verres à la main et la bouche ouverte et grande dehors — un homme est assis seul et qui répète "il est parti" quand il pousse la porte c’est parce (...)
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Acolo | 7
17 septembre 2013, par sebmenardLe vieil homme est assis sur un banc qui balance ses jambes elles ne touchent pas le sol — il répète "a plecat" en soufflant des graines de tournesols à chaque passant aux bagnoles aux charrettes aux camions il gueule "a plecat" et il regarde le béton sous ses pieds sous ses sandales roses — sur les bancs autour d’autres ils l’observent peut-être qu’ils parlent de lui peut-être qu’ils parlent de l’été et de la chaleur — peut-être qu’ils disent dans leur langue à eux mais tout bas doucement presque un (...)