journal permanent | 07-2020

Écrire : retrouver, chercher, poursuivre, traquer cet état premier de disponibilité vitale, entière. Et laisser la parole écrire à son devenir de parole écrite. Du reste, as-tu remarqué comme il ne te vient presque jamais de chant, l’été ?

le prochain bloc ? rives ? rivages ?
et si je gratte un peu autour de ça je trouve
des feux, des sablesdes abris, des lieuxpour la nuit
grands bateaux de croisière fluvialebarque, passeur
des odeurs de poissoncarcasses, oiseauxdes odeurs de pissede pourritureet de vase
éloignement des villagesou alorscoincés entre fleuve et rails
le titre d’un livre encoreesquisses pour un aménagement des rivages de l’amour total(D. (...)

dans le garagecafé sur le petitbrûleur à alcool
établi
voir commentremettre en étatcette petite pompe12v
le nid de guêpesest calmesilencieux
je notecette idée pour un bureau :une servante d’atelier(écrire, lire, penser debout)
dans le même lieupeut-être :livres, outils
puis j’ai l’idéede l’argile

soirnous avons couru pieds nus dans le sableet la vase
le potager estarrosé
je liscinq, sixpages de Spinozaet je mâchelentement

j’écrisdoucement etparle peu
je cherchecomment retrouverquelque choseet j’attendsde nommerquoij’appelleen silenceet questionne

Mais parfois c’est d’un coup : les mots surgissent, presque toujours le matin et tôt si bien que la nuit — après « il s’ensuit que l’homme consiste en une âme et un corps, et que le corps humain existe pour autant que nous le sentons » — reste encore la question de la colère, ce qui fait déjà beaucoup.

Mais il s’agit de façonner la même matière et de répéter le geste depuis combien de temps ? On se cherche, on se cherche, parfois on se trouve, et d’une manière ou d’une autre : « liberté sauvage de la danse / l’illumination solitaire silencieuse » écrit Snyder. La respiration, la voix, travailler cette matière encore. A. dit qu’il importe aussi de trouver cette bête là, dedans. C’est ça oui. Le chemin est ouvert. Continuer. Errer. Flairer. (...)

Être dans l’énergie pure de la langue, tu sais ce que c’est, toi ?Et « prendre » la parole poursi peu ?

Mais s’il y a bien quelque chose tu vois c’est quand je m’use et m’exalte et me joie, ma parole !, dans la langue ou la pense pensante et qu’en mêmes faits et gestes je me terre et me ratissse, tu vois, ça greline quelque chose en dedand de faire ça, et je nomme (tentatives d’épuisement des plantes vivants à...).

J’observe, écoute, mon fils et c’est l’idée de poèmes-listes de mots. Lui lit des poèmes listes de mots : il tient un iPad, un livre ou un carnet imaginaires dans les mains, et il déclame des listes de mots. D’autres fois, il observe à la fenêtre et il nomme le monde. Ça arrive encore sur le vélo : siège enfant placé sur la potence, il est à l’avant, et il nomme le monde. Revenir à cette énergie simple, cette (...)