La porte et son claquement dans les nuits
La nuit l’immeuble est orange l’immeuble est noir — la nuit les
chiens dorment à peine ils ont peur la nuit — ils ont peur de leurs
aboiements à eux-mêmes de chiens errants eux-mêmes la nuit ils ont peur
— dans la nuit les types attendent sous les lampadaires éteints dans la
nuit ils parlent un peu leurs mots ils ne savent même pas ce que c’est
leurs mots — alors que le vent souffle une Dacia tente de démarrer et
son moteur s’essouffle son moteur tourne à peine — dans l'immeuble le
vent s’engouffre et se cogne contre les murs — la
poussière vole inerte et les murs perdent leur peinture — le vent s’engouffre et le toit en tôle un peu grince — une
porte claque sans fin — une porte claque sans fin dans sa nuit — tu
imagines le vent contre cette porte tu imagines la poussière tu
imagines un chien au milieu d’une pièce vide — tu imagines un chien
mort et les mouches tournent autour et le vent soulève la poussière et
la porte claque dans sa nuit la porte claque sans fin — le sol en béton
tremble un peu - le matelas du lit vibre — l’air est chaud.