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dans cette plaine (un récit) | 15 (cette plaine c’est ça)
dimanche 18 novembre 2012, par
troisième version
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(...) Cette plaine c’est ça — c’est un désert c’est un grenier — c’est celui qui est fou — celui qui est fou et qui demande des billets d’un leu sur le trottoir en béton — une cigarette ça lui suffit et certains disent qu’on l’a battu — on l’a battu pour son argent.
Cette plaine c’est celui qui est en en prison — c’est celui qui a une grande maison avec son nom dessus — certains disent qu’il a voulu tuer son frère — certains disent qu’il a voulu tirer avec son revolver.
C’est celle qui marche dans les rues et ses gosses — ceux qui regardent dans les poubelles en ferraille rouille rouille pour manger pour vivre.
C’est le vieil homme — celui qui marche avec les chiens — celui qui porte un tablier de femme et des cannes en bois.
C’est celui qui a la compagnie de bus — celui qui s’est marié à une femme d’ici — on dit que c’est un homme bien.
Cette plaine — c’est celui qui peint des tableaux — ils sont tout en longueur ses tableaux — et il colle dessus des circuits d’ordinateurs usés.
C’est celle qui donne des pots de confiture devant le marché quand l’hiver arrive — c’est sa voix dans le froid.
Dans cette plaine certains coupent des têtes de poulet sur les marches en béton et avec le sang alors — ils signent leurs menaces sur les murs.
C’est celle qui ramène des légumes dans son vieux break celle qui fait pousser des salades auprès d’un poêle à bois.
Cette plaine c’est ça.
C’est celui qui accélère dans le vieux bus allemand et la poussière se soulève et ça sent le diesel usé.
C’est celle qui vend des morceaux de viande et alors les chiens ils attendent devant la boucherie.
C’est celle qui finit un morceau de lard sur le béton des tables du vieux marché — et ça sent les viandes fumées.
Ceux qui passent les soirs seuls devant le supermarché du village — ils demandent avec leurs yeux noir noir quelques chose à manger.
Cette plaine c’est celui qui achète des champs des terres pour faire quoi plus tard.
Celui qui revend des haricots blancs en sacs de dix kilos.
Celui qui boit des café sur la terrasse du bar rose.
Celle qui écoute les chiens pleurer à l’entrée des immeubles en béton c’est ça.
C’est lui — lui qui tire sa charrette à bout de bras parce que l’âne.
Les deux gosses — ceux qui se prêtent la bécane et lavent le carrelage du bar.
Celle qui sort le bâton pour faire fuir les gamins de sa terrasse.
Ceux qui avalent des boulettes de viande les pieds dans la neige les matins d’hiver.
C’est celui qui vend des poissons d’eau douce — il les pose là sur le bitume.
Cette plaine c’est celui qui joue de la guitare et chante on dirait le blues de la plaine de l’Est et sa voix alors dans la nuit — ça se passe au milieu d’un chemin — c’est au milieu d’un chemin il dit je suis perdu — il y a un chien qui aboie au loin et lui dit je suis perdu — il répète comme ça une guitare dans une main ou bière dans l’autre je suis perdu — et son rire alors résonne dans la nuit dans cette plaine.
seconde version
Cette plaine c’est ça — c’est désert c’est un grenier — c’est celui qui est fou qui demande des billets d’un lei sur le trottoir en béton — il se satisfait d’une cigarette — certains disent qu’on l’a battu pour de l’argent.
Cette plaine c’est celui qui est en prison c’est celui qui a une grande maison avec son nom dessus — on dit qu’il a voulu tuer son frère — on dit qu’il a voulu tirer avec son revolver.
C’est celle qui marche marche dans les rues et ses gosses — ceux qui regardent dans les poubelles pour manger pour vivre.
C’est le vieil homme — celui qui marche avec les chiens celui qui porte un tablier de femme et des cannes en bois.
C’est celui qui a la compagnie de bus celui qui s’est marié à une femme d’ici — on dit que c’est un homme bien.
Cette plaine c’est celui qui peint des tableaux — ils sont tout en longueur ses tableaux et il colle dessus des circuits d’ordinateurs usés.
C’est celle qui donne des pots de confiture devant le marché quand l’hiver arrive — sa voix dans le froid.
Celle qui ramène des légumes dans son vieux break celle qui fait pousser des salades auprès d’un poêle à bois.
Cette plaine c’est ça.
C’est celui qui accélère dans le vieux bus allemand et la poussière se soulève et ça sent le diesel usé.
C’est celle qui vend des morceaux de viande et alors les chiens ils attendent devant la boucherie.
C’est celle qui finit un morceau de lard sur le béton des tables du vieux marché et ça sent les viandes fumées.
Ceux qui passent les soirs seuls devant le supermarché du village — ils demandent des sous ou bien des morceaux de pain.
Cette plaine c’est celui qui achète des champs des terres.
Celui qui revend des haricots blanc en sacs de dix kilos.
Celui qui boit des cafés sur la terrasse du bar rose.
Celle qui écoute les chiens pleurer à l’entrée des immeubles en béton c’est ça.
C’est lui — lui qui tire sa charrette à bout de bras parce que l’âne.
Les deux gosses — ceux qui se prêtent la bécane et lavent le carrelage du bar.
Celle qui sort le bâton pour faire fuir les gamins.
Ceux qui avalent des boulettes de viande les pieds dans la neige les matins d’hiver.
C’est celui qui vend des poissons d’eau douce — il les pose là sur le bitume.
Cette plaine c’est celui qui joue de la guitare et chante on dirait le blues de la plaine de l’Est et sa voix alors dans la nuit — ça se passe au milieu d’un chemin — c’est au milieu d’un chemin il dit je suis perdu — il y a un chien qui aboie au loin et lui il dit je suis perdu — il répète comme ça une guitare dans une main ou bière dans l’autre je suis perdu — et son rire alors résonne dans la nuit dans cette plaine.
première version
Cette plaine c’est ça — c’est un désert c’est un grenier — c’est celui qui est fou qui demande des billets d’un lei sur le trottoir béton et qui se satisfait d’une cigarette (certains disent qu’on l’a battu pour de l’argent) — c’est celui qui est en prison c’est celui qui a une grande maison avec son nom dessus (on dit qu’il a voulu tuer son frère — on dit qu’il a voulu tirer avec son revolver) — c’est celle qui marche dans les rues avec ses gosses (ceux qui regardent dans les poubelles pour manger pour vivre) — c’est le vieil homme qui marche avec les chiens (c’est celui qui porte un tablier de femme et des cannes en bois) — c’est celui qui a la compagnie de bus celui qui s’est marié avec une femme d’ici (on dit que c’est un homme bien) — cette plaine c’est celui qui peint des tableaux en longueurs et y colle dessus des circuits d’ordinateur (son atelier c’est une salle de musculation) — c’est celle qui donne des pots de confiture devant le marché quand l’hiver arrive — celle qui ramène les légumes dans son vieux break celle qui fait pousser des salades auprès du poêle à bois — cette plaine c’est ça — c’est celui qui accélère dans le vieux bus allemand et la poussière se soulève et ça sent le diesel usé — c’est celle qui vend des morceaux de viande et alors les chiens ils attendent devant la boucherie — c’est celle qui finit le morceau de lard sur le béton des tables du vieux marché et ça sent les viandes fumées — c’est ceux qui passent les soirs devant le seul supermarché du village (et ils demandent des sous ou bien des morceaux de pain) — cette plaine c’est celui qui achète des champs des terres c’est celui qui revend des haricots blancs en sacs de dix kilos c’est celui qui boit des cafés à la terrasse du bar rose c’est celle qui écoute les chiens pleurer à l’entrée des immeubles en béton c’est cela — c’est lui qui tire sa charrette à bout de bras parce que l’âne — c’est les deux gosses qui se prêtent la mobylette et lavent le carrelage du bar — c’est celle qui sort le bâton pour faire fuir les gamins — c’est ceux qui avalent des boulettes de viande les pieds dans la neige les matins d’hiver — celui qui vend du poisson d’eau douce posé là sur le bitume — c’est celui qui joue de la guitare et sa voix alors dans la nuit (au milieu du chemin il dit je suis perdu il répète comme ça je suis perdu et son rire dans la nuit alors).