diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > vociférations > des voix parlent encore dans le noir > A un moment précis...

A un moment précis...

mardi 4 décembre 2012, par sebmenard

À un moment précis — à une période précise — et pour le bien de tous — on enlèverait nos peaux synthétiques nos peaux en coton — on enlèverait nos jeans et nos cuirs tanés nos tee-shirts équitables et nos pulls en laine — on enlèverait nos pantalons nos bijoux nos baskets en sylicone — et alors ça serait la nuit — et alors ça serait la neige — ça serait une nuit dans le blanc — ça serait dans le froid d’une de ces journées courtes et blanche — à l’abri des vens et des bruits.

Alors — l’un d’entre nous serait le chien — et il danserait comme un chien — sa peau serait celle d’un chien — sa voix même sa voix — ça serait celle d’un chien.

L’un d’entre nous serait tel homme célèbre celui de ce vieux conte une histoire qu’on se répète sans vraiment la connaître alors — l’un d’entre nous serait l’arbre — il serait l’arbre immense et raide des forêts mais danserait comme si les vents chauds de l’été soufflaient ses branches.

Alors l’une d’entre nous serait le chat — et son corps serait celui d’un chat avec poils et pattes et tête et queue.

Alors l’une d’entre nous serait l’esprit et ses yeux immenses seraient là jaunes sur son masque d’esprit.

Alors l’un d’entre nous serait l’ours — il porterait la peau de l’ours la tête de l’ours et il aurait le corps de l’ours et danserait comme un ours ivre des eaux-de-vies qu’on boit certains soirs sans raison.

Alors l’un d’entre nous serait telle petite bête à poils qui vit là et son corps tout entier serait cette petite bête fragile.

Il y aurait les herbes et l’agneau — il y aurait les eaux et d’autres bêtes peut-être même quelque chose un chaman au nom de chef d’orchestre un type pour siffler dans la nuit dans le blanc.

Ce qu’on ferait alors — seuls nos corps en portent les traces.