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journal permanent | 9 avril 2013

mardi 9 avril 2013, par sebmenard

Le voyage avec ou sans casque d’écoute c’est pas pareil — la plongée qu’on effectue rapidement lorsque le morceau choisi c’est le bon — ou bien alors comme ça nous arrête — sinon ce sont les bruits du train des passagers — aujourd’hui la machine va lente sur une portion habituellement rapide — coins qu’on aperçoit jamais apparus d’un coup — apercevoir apparaître — besoin de mettre ces deux verbes à côté pour s’assurer qu’ils ne disaient pas la même chose — machine.


L’autre jour j’ai écrit "libérer cette langue ça ferait pas de mal" et c’est ça aussi oui — le penser encore un peu — ou alors pas du tout serait sans doute better.


Je repense à la façon de Guillaume Vissac de prendre note de la présence de certaines personnes dans les mots de son journal — un lien derrière une lettre et c’est tout un récit qui s’étire à travers le site — j’ai longtemps hésité / j’hésite encore à faire de même — j’ai au moins un lien de ce type — mais faire de même pour tous — sais pas.

De toutes façons il faut reprendre le journal permanent depuis le début pour retrouver de nombreuses choses — ajouter des mots clés surtout.


À rapatrier sur le site : les chiens — les routes.


Babadag : deux fois dans une vie, deux fois cinq minutes. Le monde est composé de tels fragments, miettes d’un rêve chaud, hallucinations et fièvre ardente de cars. Il reste des tickets. De Tulcea à Constanţa — cent vingt mille lei. Păstraţi biletul pentru control. Les environs de la Gara de Sud à Constanţa, c’est la tristesse des Balkans, cet enchevêtrement noir de câbles au dessus des rues, chaos et crasse, coups de klaxons, chiens, mouches, tas de nourritures sur les étals, le tout mélangé, scintillement de film plastique, de briquets, de cellophane, déchets et tourbillon de la matière jetable, fumée, relents de graisse qui a brûlé, policiers en uniforme, lascars désœuvrés mais toujours en mouvement, chaînes en or, pieds nus dans des sandales en plastique, pistolet dans sa gaine à peine caché par la chemise sur un derrière de civil, peaux de pastèque, bigarrure, talons de dix centimètres, maquillages noirs, fourmilière, marché et campement. Seul reste l’énumération, la description est impuissante car il n’existe rien de constant ici, sauf la fatigue et la décomposition, la diminution des forces, et le labeur pénible sous un ciel blanchi par la canicule.

Cet extrait de Sur la route de Babadag — Andrzej Stasiuk — c’est un condensé de la réalité — de ma réalité — de la sienne sans doute aussi — des Balkans et de l’écriture — c’est ça — tout à fait ça — et c’est pour cela que les Balkans sont fascinants c’est pour ces raisons là qu’on pourrait les parcourir pendant des mois et des années et les écrire sans doute aussi.