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Qui cherche un ours

mercredi 1er octobre 2014, par sebmenard

 

 

 

Ce serait une nuit.

 

 

 

Une nuit blanche et fraiche.

 

 

 

On entendrait la voix d’un homme — la voix d’un homme qui cherche un ours — et qui répète son nom dans le noir. 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au village les corps dansent — au village les feux sont allumés qui éclairent les murs des cabanes et des baraques — les flammes sont jaunes et on entend des marmites des verres — des assiettes — des violons et des trompettes. On entend des types qui disent leur poème dans une odeur de bois et de feu — dans une odeur de nourriture — de sauce — et d’étoiles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dehors — loin — comme s’il s’échappait comme s’il courait dans la nuit — un homme est parti — un homme marche dans la neige — et on entend ses bottes s’enfoncer — on entend ses bottes fourrées écraser la croûte de glace et tomber dans la neige fraîche — il trébuche : une fois.

Il reprend son souffle — il se jette un peu de neige sur la peau des joues — il a un peu mal et on peut voir comme sa peau est rouge de froid et de peur. Il se relève — sa voix — on entend sa voix dans la nuit — il appelle son ours comme il dit — il cherche son ours comme il dit. Alors il continue il marche dans la nuit — alors il répète le nom d’un ours comme il dit — et on entend sa voix résonner contre les cabanes contre les troncs d’arbres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au village — certains commencent tout juste à noter son absence — au village — certains entre deux verres entre deux histoires se demandent qui pourrait avoir vu l’homme qui cherche l’ours — certains titubent dans la neige qui butent contre un tas de fraîche et élèvent un peu la voix — certains quittent les cercles autour des feux certains commencent à chercher leur ami — finissent leur verre et s’essuient la bouche se raclent la gorge — prennent leur souffle comme pour hurler dans la nuit.

Au village — seuls dans une ruelle dans le noir ou devant la porte de leur jardin certains se surprennent à prononcer le nom d’un ours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus loin — sous les arbres ou contre la porte d’un refuge — dans le froid et sous le ciel — un homme est là qui répète le nom d’un ours dans le noir.