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Un homme apparaît dans le noir

samedi 25 octobre 2014, par sebmenard

À un moment précis


surgit de quelle nuit


un homme apparaît dans le noir.

 

Il marche seul.

Entre les arbres une langue d’asphalte est là qui va serpent dans le noir.

À côté un torrent à coté peut-être — un cheval qui court galop dans les herbes fraîches.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rien n’est certain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alentour c’est tout noir nul village nulle chaumière nulle cabane roulotte caravane ni grotte.

Ce serait une passe entre deux versants — une passe entre deux plateaux — un territoire de bêtes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’homme avance et marche lent — régulier dans sa tenue d’homme seul — nuls lampadaire foyer ni feu allumés là pour guider cet homme ou même un autre — personne pour l’observer le suivre furtif et silence — personne pour l’attendre là en vérifiant que le bois ne manquera pas.

Dans sa langue d’homme seul il salue mais rien n’est sûr — j’aimerais mieux pas dit-il — pas la peine de noter ça dit-il pas la peine d’en faire un poème un conte une histoire pour le soir autour des feux — c’est déjà fait dit-il.
On pourrait pourtant s’asseoir sur une pierre — se demander quoi — se poser sur un arbre coupé là — rien dire — pas grand chose. Écouter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’homme lui — il marche seul qui répète le chapelet mantra de quelle ville quittée il y a peu — il ressasse les mots les sons les souffles et les soupirs — il transporte les colères les cris et les fureurs — il répète les gimmicks les breaks et les rêves soufflés il y a peu — il charrie les torrents de mots les crasses et les graisses usées noires des peuples croisés sur sa route — il brasse les fleuves les pages et les récits de ceux qui tiennent debout — il chasse de sa bouche les immondices les chiffres et les indices des nuits passées du noir noir de leur monde — il affonne dans ses nerfs et là-haut des histoires des poèmes et des verres — il braille à voix basse des morceaux de textes des choses vues et des suites de mots inhabituelles — il s’enfuie s’enfonce avance enfonce défonce les portes en bois les évidences et les cabanes de fortunes — il tend des toiles et écrit sur les murs les troncs d’arbre et les ponts — il s’arrête dans un rade — commande une boisson fraîche et l’affonne si tôt — s’essuie la barbe et reprend sa marche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On entend derrière les sauts humides et frais d’un torrent.

L’homme reprend sa marche.

Pas de sac ni portefeuille ni rien.

Il est déjà loin.

J’écoute le chant du monde.

On a déjà écrit des histoires comme ça.

Pas la peine de la ramener.

On a déjà écrit des histoires comme ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On entend encore un peu sa voix.

Pas beaucoup.

S’éloigne.

Plus rien.

La nuit souffle.