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C’était le matin

lundi 21 mars 2011, par sebmenard

**seconde version

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C’était le matin [1] — tu n’avais pas beaucoup dormi et le jour s’était levé sur Tel Aviv — tu avais filé dans les couloirs de l’aéroport — tu avais marché avec ton sac tu étais monté dans un mini-bus jaune — et tu te rappelles la brume — les nuages blancs dans le bleu le matin sur la route entre Tel Aviv et Jérusalem — le son dans les écouteurs — et la ville à peine éveillée les trottoirs autour de la porte de Damas — la fumée de cigarette [2] du taxi ce qu’il te dit — là-bas c’est ce qu’on appelle les colonies [3] là-bas c’est le mur [4] là c’est le checkpoint voilà — tu es au checkpoint [5].


**première version

c’était le matin (1) - tu n’avais pas dormi beaucoup et le jour s’était levé sur Tel Aviv - tu avais filé dans les couloirs de l’aéroport - tu avais marché avec ton sac tu étais monté dans un mini-bus jaune - et tu te rappelles la brume - les nuages blancs dans le bleu le matin sur la route entre Tel Aviv et Jérusalem - le son dans les écouteurs - et la ville à peine éveillée les trottoirs autour de la porte de Damas - la fumée de cigarette du taxi (2) ce qu’il te dit - là-bas c’est ce qu’on appelle les colonies (3) là-bas c’est le mur (4) là c’est le checkpoint voilà - tu es au checkpoint (5)

1. le ciel noir à l’approche de l’aéroport le ciel noir à travers le hublot - les lumières de la ville immense la côte - le bruit des roues sous l’avion sur le bitume les types qui crient bravo les types qui chantent les types qui prient le type qui prie là à côté de toi

2. tu te rappelles très bien l’odeur du tabac dans la bagnole - l’odeur du tabac dans le matin - le tabac mélangé aux plastiques du tableau de bord - les vitres ouvertes et l’odeur de la grande ville la ville

3. il montre les baraques sur la droite et tu regardes le compteur de sa bagnole - il parle anglais il parle arabe et il te dit là c’est les colonies et il te dit là c’est récent ça fait pas longtemps que les maisons sont là - tu ne dis rien - tu écoutes

4. mur le mur c’est du béton c’est là - tu roules dans la bagnole blanche du taxi il fume des clopes et il parle il parle sans cesse et tu l’écoutes - et il dit là c’est le mur - là j’ai le droit de rouler là c’est la route du checkpoint c’est pas loin - il roule il file sur le bitume et la poussière et le soleil dans l’angle de la vitre et le mur tu es au pied du mur en haut les barbelés

5. les bagnoles toutes en files les panneaux les crèves-pneus sur le bitume - les bus qui déchargent leurs passagers les bagnoles sous le portique bleu les tours de garde le béton le béton - les types tous mitrailles à la main les voitures vont lentes sous les caméras - les grandes portes de fer derrière le taxi il te dit y’a trop de voitures aujourd’hui c’est long les morceaux du mur - ça s’entrechoque entrepose les uns derrières les autres les grosses pierres posées sur le bitume - la petite tour au milieu le type est là qui pointe son fusil - il est énorme - vers les bagnoles les lunettes de soleil qu’il porte et comme il ne bouge pas la main sur la gâchette - la main sur la gâchette il est là en face juste en face et tu vois le bout de son fusil mitrailleur la main sur la gâchette et le taxi est là qui tire sur son clope derrière la vitre tu ne sais pas sans doute même - il ne le voit pas - il ne voit pas le doigt sur la gâchette du fusil mitrailleur du type avec les lunettes de soleil il te propose une clope.


[1(...) le ciel noir à l’approche de l’aéroport le ciel noir à travers le hublot — les lumières de la ville immense la côte — le bruit des roues sous l’avion sur le bitume les types qui crient bravo les types qui chantent les types qui prient le type qui prie là à côté de toi (...)

[2(...) tu te rappelles très bien l’odeur du tabac dans la bagnole — l’odeur du tabac dans le matin — le tabac mélangé aux plastiques du tableau de bord — les vitres ouvertes et l’odeur de la grande ville (...)

[3(...) il montre les baraques sur la droite et tu regardes le compteur de sa bagnole — il parle anglais il parle arabe et il te dit là c’est les colonies et il te dit là c’est récent ça fait pas longtemps que les maisons sont là — tu ne dis rien — tu écoutes (...)

[4(...) mur le mur c’est du béton — tu roules dans la bagnole blanche du taxi il fume des clopes et il parle il parle sans cesse et tu l’écoutes — et il dit là c’est le mur — là j’ai le droit de rouler là c’est la route du checkpoint c’est pas loin — il roule il file sur le bitume et la poussière et le soleil dans l’angle de la vitre et le mur tu es au pied du mur en haut les barbelés (...)

[5(...) les bagnoles toutes en files les panneaux les crèves-pneus sur le bitume — les bus qui déchargent leurs passagers les bagnoles sous le portique bleu les tours de garde le béton le béton — les types tous mitrailles à la main les voitures qui vont lentes sous les caméras — les grandes portes de fer derrière le taxi il te dit il y a trop de voitures aujourd’hui c’est long les morceaux du mur — ça s’entrechoque entrepose les uns derrières les autres les grosses pierres posées sur le bitume — la petite tour au milieu le type est là qui pointe son fusil vers les bagnoles les lunettes de soleil qu’il porte et comme il ne bouge pas la main sur la gâchette — la main sur la gâchette il est là en face juste en face et tu vois le bout de son fusil mitrailleur la main sur la gâchette et le taxi est là qui tire sur son clope derrière la vitre tu ne sais pas sans doute même — il ne le voit pas — non il ne voit pas le doigt sur la gâchette du fusil mitrailleur du type avec les lunettes de soleil il te propose une clope (...)