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Cartes

vendredi 2 octobre 2015, par sebmenard

Avoir une carte

Nous voyageons avec des cartes.

Nous aimons avoir des cartes en papier.

Elles sont encombrantes et s’usent rapidement — mais elles nous sont nécessaires.

Elles peuvent être sorties à tout moment — échangées — posées au sol ou sur un mur — dans la poussière et avec les mains sales — elles peuvent s’observer à plusieurs — elles contiennent des désirs de route et des possibles imprévisibles.

Pour traverser l’Europe d’ouest en est nous avons utilisé sur la moitié du parcours des cartes réduites : elles suivaient des fleuves et ne s’en écartait pas de plus de cinquante kilomètres. Elles sont précises et comportent des indications complémentaires — mais elles ont le défaut de ne pas comporter de vue générale : elles ne situent pas le tronçon qu’elles représentent dans un ensemble plus globale — pays ou continent.

Alors que nous étions entre deux sections de ces cartes — il nous est arrivé de perdre la trace : de l’intérêt d’avoir l’ensemble du trajet concerné.

Les cartes prennent de la place et sont lourdes : nous avons envoyé par voie postale une partie d’entre elles — nous avons confié d’autres à ces voyageurs croisés — et nous avons filé vers l’est.

Nous avons utilisé quelques temps une carte datée de sept ans : c’est déjà trop — et elle comportait les mêmes défauts que les cartes précédentes : pas de vue générale.

Nous avions pensé emmener le nécessaire : une carte générale pour certains pays afin de se situer plus facilement et surtout de rêver — mais notre avancée — notre déplacement — ne correspond pas à celui de la voiture — les cartes sont désormais faites pour l’autombile.

En Bulgarie en Roumanie — il nous aura été impossible de trouver des cartes précises et proches de la réalité — souvenir de cette carte bulgare achetée à une station-essence et pourtant sans m’apercevoir de l’alphabet cyrillique.

Cartes numériques : l’iPod est bien trop petit pour servir de support – mais c’était parfois pourtant la seule possibilité. Impossible de faire jouer tout à fait à un iPod ou une tablette le rôle d’une carte : autonomie trop faible — luminosité limitée — reflets — poussière — pluies — boues — la route.

Dessiner une carte

Il nous arrive de dessiner une carte : c’est que notre carte n’est pas assez précise — notre carte est trop petite — notre carte s’arrête ou atteint un bord — notre carte s’use — nous n’avons pas de carte — ou alors retrouver une adresse dans une ville — garder la vue d’un quartier — transmettre une information — pour le plaisir de dessiner une carte. 

Il nous arrive de noter des listes des noms de villes : garder en tête une suite de points de passage — se souvenir d’une direction — ré-équilibrer la réalité des villes principales lorsqu’une carte ne les représente pas correctement.

Il nous arrive de noter des itinéraires — de mêler ces notes à quelques dessins — morceaux de routes — axes de communication — quartiers — lacs et rivières : atteindre un lieu exact — sortir d’une ville — passer un axe majeur — contourner un quartier une zone interdite — continuer notre route.

Chercher une carte

Généralement — nous trouvons nos cartes dans les librairies ou les stations-essence. Garder en tête que nous cherchons ce que celui qui vend n’imagine pas — notre besoin de précision et de qualité technique dépasse généralement l’imagination du vendeur.

Il peut se passer beaucoup de temps avant de trouver une carte — il peut se passer plusieurs jours.

En Turquie — impossible tout simplement d’acheter une carte — les cartes routières n’existent pas — entré dans six librairies au moins pour trouver une carte — pas compté le nombre de stations-essence. On peut trouver des cartes à Istanbul — encore faut-il y arriver.

Streetview : il nous arrive de parcourir via Streetview une zone — une route — un carrefour — un boulevard — garder en tête quelques images — la forme d’un immeuble — la courbe d’un virage — l’arrivée d’une route du nord ou d’ailleurs — reconnaître les lieux ensuite.

Ouvrir une carte — parler de carte

Ouvrir une carte et c’est déjà des pistes à affonner.

Nous ouvrons une carte un jour d’août sous le soleil et c’est poussière.

Nous ouvrons une carte sous la pluie et c’est vérifier le nom d’une ville — la présence d’un fleuve.

Nous ouvrons une carte dès le matin — chaque matin — imaginer une étape — garder en tête quelques noms — quelques lieux.

Nous ouvrons une carte à côté d’une autre — comparer des indications — chercher une voie une passe.

Sur la carte — nous cherchons des indications des noms de villes — des virage — la présence d’un lac ou d’un fleuve — d’une mer — nous observons le relief et le parcours des chemins de fer — les villages ou encore les étendues vertes.

Nous ouvrons une carte un soir pour chercher le nom d’un bivouac et imaginer d’autres routes — reparcourir le chemin du jour.

Ouvrir une carte — c’est déjà prendre la route.

Nous posons à côté de la carte une boussole — une vraie boussole — et nous gardons une directon — nous suivons une direction à l’aide de la boussole.

Nous imaginons une carte manquante — nous cherchons la carte manquante — nous posons une carte dans l’herbe — nous dessinons une carte dans notre tête — nous imaginons une carte pour des routes à venir — nous avons une carte derrière les yeux - nous ouvrons un navigateur web pour visiter une carte - traverser un pays — 

Oublier la carte

Peut-être parfois oublier la carte — laisser la carte — garder en tête quelques noms de ville — une direction — ou peut-être pas en fait — filer comme ça.