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Le bâton bleu de nos paroles

lundi 11 janvier 2016, par sebmenard

j’ai gardé le bâton bleu de nos paroles


j’ai taillé le bois de nos têtes aphones


j’ai gardé le bâton bleu de nos paroles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’était comme un chemin qu’on suivait quelque chose une boussole aurait suffit. C’était comme un chemin et le bâton bleu de nos paroles pour nos langues.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la tête et en bouche une petite chanson sans doute — et les doigts du poète eux vont bâtons noirs bâtons blancs — des histoires comme ça il en a plein la bouche le poète en attrape une de temps à autre et alors il écrit sur son piano un rêve de bête venue d’ailleurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y avait des soleils des matins frais et humides — des herbes qu’on découvre et d’autres on s’allonge dedans — il y avait des champs comme ça et des fleurs des graines et des semences — il y avait nos silences pour mieux écouter les vents les signes — des bêtes aussi sans doute et certaines qu’on ne voyait pas.

Il y avait des ombres et des bitumes — des routes et des cartes on suivait parfois un cheval ou bien le sens des flèches un diésel encore du gasoil et des mots sur un morceau de carton — on observait des lettres et des formes assez sans doute pour traduire nos faims comme nos rêves — des mots — une voix de temps à autre pour imaginer une suite à nos récits.

Il y avait des types pour apparaître sortis de nulle forêt ni rade ou troupeau de moutons — des odeurs de sueurs et le mot chacal en suspens — un bâton bleu pour s’appuyer par exemple sur quelques mots — une fatigue pour nous emporter un soir de septembre — un après-midi d’été au bord d’une route — au passage d’un col — à l’ombre d’une cabane.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

j’ai gardé le bâton bleu de nos paroles


j’ai répété nos rêves nos histoires et nos mots


j’ai taillé le bois de nos têtes aphones

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des poussières les notes de nos poèmes — c’était peut-être assez pour filer à travers les continents et se souvenir du nom des lieux — de celui des Hommes — des poussières on pensait pas on pense jamais la couleur de nos tremblements — celle de nos mots les soirs où c’était faire un feu pour tenir la nuit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai gardé le bâton bleu de nos paroles comme on cache un carnet des tendresses — j’ai gardé le bâton bleu de nos paroles comme des mots qu’on ose à peine prononcer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai gardé le bâton bleu de nos paroles sans rien savoir

de son nom


de sa couleur.