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journal permanent | 5 mai 2016

jeudi 5 mai 2016, par sebmenard

Cracovie — Moskorzew (Perzyny)

92km.

On file à l’avant du sale temps - nous sommes fait rattrapés à la pause du midi — mais avance reprise — ça reste derrière — des gouttes de temps à autre — nous on va plein nord.


Tu vois il faudrait mettre à jour les notes qui concernent la carte parce que c’est pas au clair tout ça — là désormais sur notre carte il y a des noms combien de nom mais à part ça c’est quoi — trop de noms en fait on ne sait plus où sont les villes les villages (quand tu zoomes avec tes doigts tu changes tout aussi).


À la station-essence-bar-restaurant-motel de Moskorzew on attrape une connexion et plusieurs litres de flotte — la carte nous dit qu’il y a un coin pas loin pour la nuit — on y file.


Les premièrs lignes de L’Enterrement (François Bon) :

« LA RUE LONGUE, LE VENT LUI-MÊME ne s’y sent pas à l’aise.

Les fils du téléphone, quarante au moins tellement ils ont de choses à se dire, tout du long, sur leurs poteaux comme des chandeliers. Un nuage d’oiseaux s’y abat d’un coup, centaines de petites boules noires sur le ciel argent gris de décembre, un temps le recouvrant d’un vacarme de cris. Quand ils cessent, encore le vent, on dirait qu’il hurle. Au pâtis des bâille-bec c’est l’expression par ici pour où ce matin on va, jour d’enterrement à Champ-Saint-Père, tout le village fait cortège.

La force violente du vent sur si grand de pays étalé, le pays plat, et reste plat sous les maisons basses, de grandes cours les isolent, avec des granges, hauts monstres de tôle à se regarder de loin, en côté. On marche, trop lentement, chaque pas presque à buter sur celui de devant. Des venelles, chemins de terre à angles droits, qui s’éloignent entre des murs de pierres sèches, souterrains à ciel ouvert sous le filet tendu des lignes électriques. Juste un hameau, dit Bourg-d’en-haut, et des gens attendent sur le bord, le vent gonfle les gabardines, les têtes dessus immobiles un caillou — rien que les chaussures pour se retenir au sol c’est pas possible, ils vont s’envoler. »