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journal permanent | 30 mai 2016

lundi 30 mai 2016, par sebmenard

Tallinn.

Un peu de ville. Marché : des fromages d’ici — du pain - quelques légumes — mais c’est pas si simple.


Encore des vidéos de violence. Ça tourne. C’est des trucs parfois tu n’as même pas besoin de cliquer dessus pour que les images se mettent en action. C’est grave. C’est triste. J’ai pas les mots. Je veux dire : rien ne sort et pourtant.


Nettoyage de bécane. On attend — différentes choses. Je lis Isidoro d’Audrey Lemieux :

« Il vaut mieux sortir la nuit, lorsqu’il n’y a personne. La noirceur est alors parfaite. Sur le vaisseau, l’ombre s’agglutine autour des lampes et des fanaux, décompose leurs lueurs en nuances de gris de plus en plus foncées, jusqu’à ce que le noir les boive tout à fait. Isidore s’est posté à l’endroit le plus sombre du pont, où l’éclat des flammes ne peut l’atteindre. Elles clignent parfois sous l’effet du vent ; au loin, on croirait discerner des lucioles. Il ne faudrait pas les capturer : rassemblées sur la paroi d’un pot de vitre, elles formeraient un escadron éblouissant — lampe au bec d’argent, lanterne fatale.

L’instant est sublime, la mer, le ciel, son propre corps — devenu invisible, impalpable — constituent un magma infini, à peine marqué par l’irisation de la lune. Lune vermicelle, ce soir. Une légèreté volatile l’anime lorsqu’il fait aussi noir. Quand il lève sa main, il n’en sent pas le mouvement. Sa main n’existe plus. Son corps est aboli. Isidore croit que les oiseaux sont aveugles, et qu’ils n’ont ainsi aucune conscience de leurs ailes. Portés par des nuages invisibles, ils s’envolent à leur insu, avec une lenteur et un abandon superbes. »