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c’est de là qu’il a recommencé à vivre

vendredi 22 février 2019, par sebmenard

ou alors ce serait assez de force pour tenir dans la nuit pluie / lune / lune d’automne un enfant naît plus haut sur le fleuve — ici, je me répète et multiplie mélange re-commence — des petites traces qu’on cherche des petites traces qu’on laisse enfermées — les pauvres — dans un livre : ce serait trop bête ! — « donc il n’y a pas que l’écriture » dit mon très vieil et très cher ami ce soir — oui d’accord j’imagine que c’est simple : un abri coûte peu et nous l’habitons disons puis je pense à Alana Apfel, je pense à Fred Griot, je pense à Rick Bass, je pense à Jean Giono tout ça mélangé puisqu’il est venu un grand bruit doux et une fraîcheur : plusieurs voix d’arbres qui parlaient ensemble. Il s’est dit : c’est le vent. C’est de là qu’il a recommencé à vivre.


…et j’ai la vision de traces — traces laissées dans la poussière de l’Est foutue poussière de l’Est encore poussière de l’Est les herbes sèches-sèches et cette VISION DE LA POUSSIÈRE comme s’il n’y avait rien d’autre hé ! à cause de cette poussière et je pense à François Maspero, je pense à Jack Kerouac, je pense à Emmanuel Ruben comme si — comme si la vérité était dans les livres comme si — comme si la vérité était là comme si — comme si la vérité existait comme si — comme si la poussière était le réel comme si — comme si le réel était le réel comme si — comme si le réel était là vraiment là comme si — comme si ce n’était pas un soir triste de fin d’été comme si — comme si les poèmes allaient nous sauver les poèmes ne sauvent de rien et le réel est-il une manifestation des lointains ou du temps qui passe ? la poésie est-elle trace d’une quelconque vérité ?

un train passe au loin

serrons nous

(…je pense à quelque chose de sombre. Et ça nous envahit. Ça nous envahit chaque jour un peu plus. Je pense que c’est de plus en plus sombre ici et qu’il n’y a qu’une seule solution : serrons-nous, créons — serrons-nous, créons — serrons-nous, créons…)