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Oùrs | éditions Possibles

jeudi 3 octobre 2019, par sebmenard

 « Pour autant, le corps n’est pas uniquement engoncé dans l’enveloppe charnelle censée l’(h)ab(r)iter : il est tout autant dans la nature sauvage que ces désirs pérégrins intiment aux ours-poètes d’arpenter (…) »
Lecture de Guillaume Vissac sur Remue.net

Le mot de l’éditeur

Animal fugitif mi-humain, mi-roche, vieillard un peu voûté, grand-père toujours agile, contour-forme-immensité en équilibre sur le cosmos : la bête. On cherche quelque chose, peut être, au creux de cette ligne de fuite. De la chaleur, un camarade invisible, un corps tout-terrain pour ouvrir la voie. Deviner çà et là sur cette corde-verbe, une ombre gîtant, quelqu’un. L’Oùrs marqué de l’accent du lieu, oblique en direction du risque. Où ?

Quatre auteurs cherchent une figure capable de définir un territoire commun : le territoire de notre présent, où tous les horizons se mêlent, où la crise environnementale renvoie tous les êtres humains à une même fragilité. L’ours s’imprime comme l’écriture de Marie-Andrée Gill, tout à la fois toffant sa réclusion et embrassée par la tanière, de Mahigan Lepage, roulant son chemin sur l’étroite couture de la Confédération, de Laure Morali, revenue au lac initiatique sur les chemins d’eau et de vent, et de Sébastien Ménard, témoignant des ravages et des fugues du troupeau humain sur les pentes escarpées des estives pyrénéennes.

Conception graphique par Aurélie Painnecé
Parution : Montréal, 2019
Pages : 224
Tirage : 350
Reliure : cousue
Impression : Indigo, Offset

Oùrs est en vente sur le site des éditions Possibles à 30$ CAD — au besoin contactez-moi directement.

Extraits

On vit dans l’oubli des mots de passe
et des territoires antérieurs ;
l’oubli de la diagonale des chablis
et de la sauce piquante
sur l’autel de chaque renoncement.

On oublie
que tout est à reconstruire
à chaque fois.

Marie-Andrée Gill, Uatashku

Et je chemine sur les routes de l’Alaska, où l’asphalte brille de mille étoiles (par quel minerai ? quel métal précieux saupoudré dans le mélange de bitume ?). Des soleils minuscules qui t’explosent dans les yeux. Là s’est transporté le ciel de nuit, qui manque à la voûte par cette saison : dans le tapis noir de la grande asphaltée.
Mahigan Lepage, Queue de poussière

LOurs
mange
ma faim

Perdue au milieu des lacs. Au loin, Kukamessiu-utshu. Les jambes mouillées d’avoir suivi le chien dans la rivière, certaine qu’il connaissait le chemin du retour — il voulait seulement s’amuser encore — j’ai marché vers le sud jusqu’à ce que je ne puisse plus avancer, au bout d’une langue de terre. S’il arrivait un jour que je m’égare, je prendrais les cimes des montagnes Kukamess comme repère et elles m’indiqueraient le sud, m’avait fait répéter Shimun.
Laure Morali, Le vieil homme

alors il se leva et dit : je ne répondrai pas à cette question parce que, maintenant qu’il a neigé, l’ours entend tout — ainsi nous ne saurons : quel honnête et juste métier faire ? quelle cabane habiter ? quelle poésie fabricater (et de même concernant toutes les autres questions ESSENTIELLES).
Sébastien Ménard,Ors, ork, ursus

La porte sera débarrée

Le travail d’Anna Lupien propose une exposition (photographies et vidéos), le livre La porte sera débarrée. Une partie de cette exploration se trouve sur le site Ours.land.

Et encore : site, lecture-concert…

Le site Ours.land propose une autre entrée dans les pistes de l’Oùrs. C’est une cartographie de nos explorations : il réunit une partie de nos textes, les recherches photographiques et vidéos d’Anna Lupien, ainsi que des enregistrements.

À voix haute

Oùrs est aussi une lecture-concert. Voici un extrait d’une rencontre entre mon ours et mon très cher ami, Antoine Leroy.

Ors, ork, ursus from Sébastien Ménard on Vimeo.