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journal permanent | 12 novembre 2020

jeudi 12 novembre 2020, par sebmenard

Avec Quelque chose que je rends à la terre, il y a bien un bazar sonore qui s’est cherché au travers (de moi ? du « livre » ? des mots ? des discussions avec A. ? des traversées nocturnes ? de la suite des jours ici tous les trois ? de tout ça tout à la fois et tant d’autres, tant d’autres… ?) : une façon de se donner du courage et de s’aimer (soi-même, l’autre, les herbes, les bêtes et tout ce qui file ou reste immobile), et j’allais dire, malgré tout. Ça fait plus de quinze années que j’essaie de comprendre le mot lyrisme. Aujourd’hui, je lis avec attention un chapitre de Pastoral.

 « Admettons qu’il faille, pour que lyrisme il y ait, une dimension de musique et de chant dans le poème ; qu’il faille au « peuple » un vers « énigmatique-maternel », une « prosodie dynamique » ; qu’il ait désir, sans toujours qu’il le sache, du chant « musaïque » du poème. Mais comment renouer avec le lyrisme ainsi défini, comment le mettre en œuvre, si rien, dans un monde enlaidi et dévasté, ne mérite plus d’être admiré, loué, chanté ? Si, en même temps que les arbres, les forêts et les haies, on a dans ce monde désenchanté, arasé toute velléité de s’émouvoir des beautés de la nature et tout sens de sa grandeur ? Si l’hymne, désormais « brisé » (selon le mot d’Agambern), n’a plus de raison d’être, plus d’objet à célébrer ? Si déclarer que « la beauté sauvera le monde » ne peut plus ue susciter un sourir entendu de dérision ? »
Jean-Claude Pinson, Pastoral, de la poésie comme écologie, Champ Vallon, 2020.