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La plaine est blanche et comme on marche | soutien à Publie.net

samedi 18 février 2012, par sebmenard

photographies : SebMénard, Roumanie, Draganesti-Olt - Bucarest, Janvier 2012.

La plaine est blanche est plane plaine - avancer les pas les uns après les autres de pas - à pas et comme le vent souffle raide raide.

Y’a pas - c’est comme ça avancer pas à pas c’est pas possible tous les jours c’est pas - simple et pourquoi on est là - dans cette longue et large plaine et quelles machines nous poussent qu’est-ce que c’est.

La tête contre la vitre ça nous arrive qu’elle nous cogne même la vitre et qu’on sente encore des odeurs de quoi - une mélange c’est de l’huile chaude et peut-être même de la pisse un peu de bouffe une friture et du café.

La plaine ça reste une large plaine et longue et on a rien que nos pas et nos gueules pour avancer.

Voilà c’est ça on avance dans une plaine immense et blanche et ça nous arrive qu’on pourrait s’arrêter là.

Ce qu’ils laissent et comme ils bavent encore les monstres autour on aurait cru non c’est ça - c’est des bêtes - on pensait pas que c’était vrai à ce point là quand on a un âge comme ça - c’est pas un âge pour ça - ou bien si c’est un âge pour ça - sans doute c’est ça - dans les plaines immenses et blanches - ce qu’on apprend ça n’a pas de nom.

On a toujours nos repères au loin - quelque chose c’est un phare mais on appelle pas ça un phare - et si c’était un arbre quelque chose debout dans le loin - adossé contre un arbre on pourrait parler encore un peu.

Nos corps nos pas - à pas l’un après l’autre nos corps c’est quoi - nos sueurs et nos gueules nos bouches elles parlent et ce qui nous tremble c’est là.

En fait on est à bord d’une machine et on entend son bruit de fer - c’est un peu sourd c’est comme si on s’y était habitué - la tête contre la vitre on sent un peu d’air c’est vraiment frais.

Boite Noire |
Avoir appris beaucoup de choses ici - dans notre plaine d’Europe de l’est - et noter que l’essentiel est là : dans ce qu’on a d’énergie pour se battre et pour tenir - et c’est souvent debout contre le vent.

Ce texte après l’événement Hemingway - et lire en de nombreux lieux sur le web.

Les images ont été prises lors d’un trajet Draganesti-Olt - Bucarest, Janvier 2012. A peine retouchées - même pas redressées.

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