On avait imaginé un type son nom c’était Gigi. Ça se prononce presque « djidji ». Mais pas toujours. Il arrive que ça se prononce « gigi ». Et on laisse un peu traîner le dernier « i » — presque un « i » long. Donc on avait imaginé un type son nom c’était Gigi et il portait une clé de treize. À ce moment là on ne savait pas vraiment si cette clé de treize pouvait servir — mais c’était pratique d’imaginer qu’il avait une clé de treize — l’un d’entre nous disait d’ailleurs qu’il avait croisé un jour un type qui (...)
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notre Est lointain
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On avait imaginé un type
23 septembre 2015, par sebmenard -
À quelques kilomètres de Babadag
19 septembre 2015, par sebmenardCe jour-là nous étions à quelques kilomètres de Babadag. Il avait suffit de penser à Babadag. Il avait suffit de penser au mot Babadag. Et alors on avait roulé vers Babadag. D’autres l’avaient déjà fait.
En entrant dans Čičov — peut-être qu’on y pensait déjà — en passant des cols des frontières et des fleuves — on y pensait encore — en achetant deux litres cinq de bière dans une bouteille en plastique — on y pensait encore sans doute — en écoutant des types parler cette langue qu’on comprend à peine mais un peu (...) -
Voir des chevaux sauvages
26 août 2015, par sebmenardEn réalité nous avions vu beaucoup de chevaux dans le Delta. Nous avions roulé sur les chemins entre les canaux au bord de la mer — nous avions croisé des bêtes quelques pêcheurs et des carcasses ferrailles abandonnées. Nous étions là pour voir le bout de l’Europe sans doute un peu — c’était une idée comme ça — traverser l’Europe — rouler vers l’Est — et voir les eaux du bout de l’Europe.
À un moment on avait décidé que c’était le bout et que donc on pouvait se baigner là — il suffisait de se jeter dans les (...) -
L’histoire que je porte
22 août 2015, par sebmenardL’histoire que je porte s’appelle un récit dingue et c’est faux et sans importance — l’histoire que je porte n’a pas d’importance et pourtant c’est là et je tremble.
L’histoire que je porte contient au moins une fois les mots sandwich à la rate de porc — affonner en silence — filer plein Est — il y a aussi des cabanes pour s’y reposer — un oeil perdu — un anglais et son vieux camion Mercédès sur les routes de l’Inde — un thrift shop et des manteaux en fausses fourrures. L’histoire que je porte commencerait (...) -
Un été sur le bitume et dans les Balkans dans une odeur d’asphalte de gasoil et de clopes
7 août 2015, par sebmenardJ’ai des images de ça. Ce sont de vieilles images. Les négatifs sont rangés dans un classeur trop plein — le classeur dans un carton — le carton dans un garage ou dans un grenier — à quelques milliers de kilomètres.
C’était un été et on cherchait comme des dingues ce que nous avions déjà là — mais on filait quand même et c’est ainsi.
Alors un été sur le bitume et dans les Balkans dans une odeur d’asphalte de gasoil et de clopes on filait plein Est arrimé au diesel de notre carlingue — lorsque le jour commence (...) -
Entrer dans Čičov
16 juillet 2015, par sebmenardNous avions voulu retrouver ce qui ne porte pas de nom — disons que ça ne portait pas de nom — où plutôt que nous voulions redonner un nom aux choses — ce n’est pas que les choses ne portent pas de nom mais plutôt que nous l’avions perdu — et nous avions cette sorte de précipitation lente à vouloir réapprendre le nom des choses.
On voulait promener nos faces vers l’Est et on imaginait que la solution apparaîtrait comme apparaissent les rêves aux matins et alors on garde en bouche un goût de langue et de (...) -
À un moment ils se retrouvent dans une auberge au Nord des Carpates
15 juillet 2015, par sebmenardDonc à un moment les héros de cette histoire se retrouvent dans une auberge — ils arrivent une fin de journée d’été épuisés ils arrivent en tournant leur carte — ils tournent leur carte trois fois ils tirent sur les pages de leur carte ils attendent un peu comme ça — sur un trottoir à un carrefour — un homme passe qui pousse une charrette à bras nus.
Ils arrivent donc et ne savent pas vraiment comment ça marche la carte l’un d’entre eux tire sur le bouquin l’atlas routier et donc les feuilles s’écrasent (...)