Je ne sais pas pourquoi il faut écrire cette histoire — je ne sais rien. Pourtant : il est à peu près certain que j’étais sur ce col un jour oui — je suis bien allé sur ce col une nuit aussi mais quelle histoire raconter désormais (il y a trop de mots quand tu écris il y a trop de choses tu devrais en enlever un peu).
Que cette histoire soit vraie ou pas — qu’on y croit à peine même si c’est cela très exactement ce qui se dit — parce qu’on se lève certains matins avec en bouche un morceau comme ça : « (...)
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notre Est lointain
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Lâchons nos bêtes intimes
8 novembre 2015, par sebmenard -
"Nobody ask me"
6 novembre 2015, par sebmenardOn a fini par arriver dans le jardin d’un type et coincé entre un chemin de fer une usine et une décharge. Son jardin n’était pas si mal et les arbres faisaient un petit monde bien fermé là autour de nous et c’était assez pour une histoire.
Le gars il a voix — une voix douce aiguë quand il parle en français en anglais et une grosse voix pour sa langue à lui — ça nous fait sourire mais personne ne lui dit.
Sur la table il met du chou à la Cluj — mais ça n’a rien à voir avec le véritable chou à la Cluj il (...) -
Dans le bruit la poussière et le vent
6 novembre 2015, par sebmenardDans le bruit la poussière et le vent — personne pour écouter sur sa charrette ce qui se dit là-bas — qu'importe en fait que dans les haut-parleurs d'une vieille bagnole on entende grésiller une voix — de temps à autre ça coupe et puis rien.
Une centaine d'entre eux a quitté dans la nuit un site classé où ils étaient installés — une voix dit : « au grand dam des autorités » — un autre se lève et dit : formons des associations — portons plainte — auprès de qui sur le col dans le bruit la poussière (...) -
Le sens des mots
4 novembre 2015, par sebmenardSur les routes de l’est on vient chercher le sens des mots.
On prend un mot — on l’observe — on le balance on le prononce on le note on se le dit pleine face et les yeux dans les cheveux.
On prend un mot on l’essaie.
On prend un mot on le prononce plusieurs fois on change son accent son rythme — on le remplace par un autre. On attend de voir. On écoute ce qu’ils disent.
Des mots raides rudes et qu’on tremble de notre langue — des mots comme ça. Communisme — communauté — association — collectif — (...) -
Ils viennent
3 novembre 2015, par sebmenardLe cheval est sa bête et il lui parle en criant parfois — en allant vers le col de Borşa qui pour venir lui barrer la route — quels indiens pour quel vieillard et les ours alors — il dit qu'il n'a jamais vu d'ours ici qu'ils sont plus au sud sans doute et que c'est à force de les nourrir — sa charrette chariotte chargée chasse sur les boues les flottes s'il pleut — sa charrette chariotte chargée chasse dans les poussières si c'est de poussière que le col ce jour-là voulait (...)
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Nous cherchions nos masques de l’est
30 octobre 2015, par sebmenardEt si on mettait nos masques de l’est un soir un jour un matin qu’importe sauf mettre le masque et tous ensemble.
Disons que ça serait un matin car c’est aussi bien le matin les masques de l’est (et on peut les garder tout le jour et toute la nuit — ça nous rend plus dingues encore).
Différentes questions :
qu’est-ce qu’un masque de l’est ? qui pour dire qu’un masque est un masque de l’est ou d’ailleurs ? qui pour attendre à l’ombre d’un arbre au bord d’une route et voir surgir les masques de (...) -
Duel de chiens dans nos têtes
30 octobre 2015, par sebmenardQuelqu’un dit qu’il voulait réenchanter le monde.
Mais c’est vraiment n’importe quoi.
On était d’accord pour l’aider mais on s’y prenait comme des branques — duel de chiens dans nos têtes.
Soit on louait un van et on partait vers l’est en pleurant dans les rues des capitales.
Soit on cherchait un vieux diésel et on ramassait des morceaux de notre moteur sur la route — on riait tard le soir — on s’endormait sur les sièges arrières.
Soit on marchait dans la boue un automne en riant et en glissant — et (...) -
On entre dans un taxi après combien de temps à faire du pouce
27 octobre 2015, par sebmenardOn entre dans un taxi après combien de temps à faire du pouce (mais ce n’est pas du pouce : on agite la main de haut en bas comme pour dire à une bagnole de freiner — c’est comme ça qu’ils font ici — et pas question de lever son pouce).
On attendait un taxi dans la nuit au pied des Carpates et c’était l’automne. On commençait à avoir froid dans cette nuit déjà là — nul chien pour gueuler dans le noir mais des lampadaires jaune orange et des bagnoles pour cracher leur saloperie de gasoil — est-ce qu’on (...) -
À un moment un type passe avec une veste elle brille dans la nuit
24 octobre 2015, par sebmenardÀ un moment un type passe avec une veste elle brille dans la nuit — les lampadaires sont jaunes qui dessinent des ombres sur les murs et le froid tombe — je note :
« les premières nuits fraîches de l’automne tiennent assez de rêves et d’attentes pour imaginer des courses dingues ».
En ce temps-là nous étions au pied des Carpates et les montagnes nous guettaient comme on dessine une ombre au nord de nos territoires — d’ailleurs nous n’avions rien : nos gueules et nos corps — on filait comme ça.
Et (...) -
Des vinyles par bateau
19 octobre 2015, par sebmenardAlors nous étions entrés dans la capitale en train et il faisait encore chaud des journées d’été — elles écrasent tout.
Nous avons filé à travers les boulevards les bagnoles et les bus — les taxis jaunes les nuages noirs et des noms connus : nous étions venus chercher une nouvelle histoire et des rêves.
Dans un appartement de la rue Enescu il y a des chats et des vélos — des tapis et des cartons — des bières et des sourires — des volets qu’on laisse presque fermés et des reflets sur les murs.
Dans un (...)