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Feuille de route

vendredi 11 décembre 2015, par sebmenard

J’ai causé des routes et des gasoils — j’ai causé des chemins que nous avons pris et de cette obsession de l’est — comme s’il n’y avait d’autres issues que de rouler vers l’Est (j’aurais aimé être clair : expliquer bien tendrement que tout ça c’est une image — une histoire — et que ce qui se nomme l’est — notre Est lointain peut-être même — c’était une façon de parcourir nos tripes).

Il y eût des mots surprenants : panetone — sandwich à la rate de porc — stabulation — camion — looser magnifique — le Danube river blues et des chiens. Parfois j’ai essayé de me convaincre que ces petites notes ajoutées en bas de page étaient primordiales. Sans doute même : on ne peut pas lire ces textes sans les notes qui les accompagne. Ai-je pensé.

J’ai écrit des souvenirs des tremblées et des déserts — j’ai essayé de tenir le souffle — parce qu’on aime quand ça souffle ça souffle une histoire pareille c’est fait pour souffler — c’est fait pour nous souffler entier tout entier soufflé tremblé des mots. Et puis James Plant. Et puis ces héros qu’on ne retrouve pas. Et puis ces morceaux de récits qui démarrent — s’enchaînent — avancent un peu — on les suit on se suit — puis tout s’arrête. Mais à peine : un autre prend le relais — ça suit son chemin d’histoire.

Aujourd’hui je suis dans une bibliothèque de l’Est : je n’ai pas trouvé mieux que d’aller à l’est du continent pour terminer ce récit. Et je ne termine rien : ce n’est qu’un début. Il y a peu de livres ici. Mais cependant ils sont assez pour me donner cette impression que je suis au bon endroit pour poursuivre ce récit dingue. James Plant va faire son apparition. J’attends encore quelques temps. C’est sans doute une affaire de jours. Peut-être d’heures. Je sens ces choses-là — l’habitude de guetter les personnages peut-être — ce qui ne veut pas dire que je sais les convoquer.

Il me reste encore quelques souvenirs et quelques histoires à déposer ici. Il me reste à vérifier que cette affaire tient. Il me reste à tout réécrire. Que ce récit soit tendre — intensément tendre et doux. Et qu’il nous emmène loin. Il y aura un canoë sur le fleuve. Il y aura une fête costumée — des amis qui se serrent dans les bras. Il y aura une nuit dans le vent et le sommeil sur un matelas posé dans un bois un jour de mars. Il y aura ces soirs où on danse debout sur les tables — des plans de cabanes et des joueurs de oud. C’est déjà beaucoup trop. Et rien ne sert de suivre nos plans.

Je ne pensais pas que ce récit me conduirait ici.