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Volodine, Antoine | Terminus radieux

mardi 12 janvier 2016, par sebmenard

Ciel. Silence. Herbes qui ondulent. Bruit des herbes. Bruit de froissement des herbes. Murmure de la mauvegarde, de la chougda, de la marche-sept-lieues, de l’épernielle, de la vieille-captive, de la saquebrille, de la lucemingotte, de la vite-saignée, de la sainte-valiyane, de la valiyane-bec-de-lièvre, de la sottefraise, de l’iglitsa. Crissements de l’odilie-des-foins, de la grande-odilie, de la chauvegrille, ou calvegrillette. Sifflement monotone de la caracolaire-des-ruines. Les herbes avaient des couleurs diverses et même chacune avait sa manière à elle de se balancer sous le vent ou de se tordre. Certaines résistaient. D’autres s’avachissaient souplement et attendaient un bon moment, après le souffle, avant de retrouver leur position initiale. Bruit des herbes, de leurs mouvements passifs, de leur résistance.

(p. 22)


On fait jamais le plein de carburant, pensa brusquement Iliouchenko. On se ravitaille jamais. On avance comme si on était ailleurs que dans la réalité. La locomotive pourrait continuer comme ça pendant des années. Pourquoi pas pendant vingt-quatre siècles et demi et des poussières. Nous aussi, on fait partie d’un rêve de Solovieï.

(p. 282)


Volodine, Antoine, Terminus radieux, Seuil, 2014.