Traité des poussières | 22

J’avais repéré deux palettes qui traînaient dans la cour de l’atelier de mon père. Deux palettes « Europe ». Ce sont les mieux. Elles sont solides. Elles sont à peu près régulières. Elles ont quelques défauts : elles sont lourdes, elles sont parfois traitées, elles sont parfois tachées, imbibées d’huiles par exemple, de liquides.

Ces deux palettes avaient pris la poussière pendant quelques temps. On s’était mis en tête de construire un petit canapé avec. Un canapé très simple. On poserait dessus un grand coussin comme ceux que nous avions mis un peu partout dans le jardin pour cette fête il y a deux ans maintenant. Et ce serait notre canapé à pas trop cher. Alors je me suis mis à découper mes deux palettes. C’était rapide. Il suffisait de choisir le meilleur côté. De s’assurer d’un bon ensemble entre les deux palettes. Et puis découper. Je découpe à la scie égoïne. C’est moins cher et c’est meilleur pour mon kharma. Puis je me suis mis à poncer mes deux palettes. Plusieurs heures passèrent. Et je ponçais toujours mes palettes. La poussière était si bien ancrée qu’elle s’échappait lentement. Très lentement. Dans le garage tout se recouvrait de poussière. Je suais. J’étais torse-nu et moi aussi peu à peu, je me recouvrais de poussière. Les gouttes de transpiration coulait sur mon front, puis mon nez. Elles tombaient sur la palette et se mêlaient à la poussière. J’ai fini par les passer à l’eau. J’ai utilisé un nettoyeur à haute-pression. Ce qui était très bon pour mon kharma aussi. Mon kharma du moment. Mon kharma de la poussière. Aujourd’hui, les palettes sont dans notre petit appartement. Elles sont encore un peu poussiéreuses mais ça ne se voit pas. Ce qui est très bon pour notre kharma.