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bleu

mardi 2 avril 2019, par sebmenard

c’était un beau grand vent — un beau grand vent — c’était un beau grand vent mouillé comme cela arrive parfois ici ou là — c’était un beau grand vent — un beau grand vent et les Blue Maqams volaient, volaient dans le noir, bleu, noir bleu noir de la nuit, novembre et bleu — ils volaient sur la phrase hésitante de cet homme — homme racontant les dizaines de pierres sculptées, détruites — détruites les pierres tout son travail éclaté, éparpillé, cassé, cassé par d’autres hommes d’autres frères « en errance » peut-être c’était un beau grand vent — un grand vent de novembre un grand vent bleu, jaune, nuit, lune — un beau grand vent sur les stations du chemin, c’était un beau grand vent sur le chemin des hommes traversant les frontières portant tirant cachant quelques kilos de pierre statues sauvées — statues sauvées beau grand vent sur la question ESSENTIELLE :

aurais-je du, moi aussi
apprendre la clarinette basse
le hautbois
ou encore
la viole de gambe ?

c’était un beau grand vent et tout fonçait, fonçait dans le dernier diésel de nos nuits

“ on a tous des sentiments au-dedans de nous (où exactement ?)

la poésie est l’expression la plus pure (comme une orange exprime du jus ?) de ce domaine intérieur.”

Ben Lerner, La haine de la poésie, éditions Allia.