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Dans le bruit la poussière et le vent

vendredi 6 novembre 2015, par sebmenard

Dans le bruit la poussière et le vent — personne pour écouter sur sa charrette ce qui se dit là-bas — qu'importe en fait que dans les haut-parleurs d'une vieille bagnole on entende grésiller une voix — de temps à autre ça coupe et puis rien.

Une centaine d'entre eux a quitté dans la nuit un site classé où ils étaient installés — une voix dit : « au grand dam des autorités » — un autre se lève et dit : formons des associations — portons plainte — auprès de qui sur le col dans le bruit la poussière et le vent les bottes en caoutchouc d'un homme couinent couignent sueur — d'autres déversent immondices et rage pour en finir avec cette guerre d’une autre époque et puis rien.

Le pays est en solde — il n'y aura bientôt plus grand chose — tentons la chance à l’est — un type assis devant son barbecue grille des viandes hachées en causant seul — peut-être qu'une vieille femme ou bien un homme est à côté qui veut bien faire semblant de l'écouter — et l'autre continue de parler qui ferait comme une radio dans sa bouche et dans ses yeux — il parle de trois transferts importants et du nom d'un ballon — il dit que la population a baissé et que les terres agricoles disparaissent — il dit que les contrats sont signés et que ça ne changera rien — il dit que les viandes hachés continueront de cuire et les eaux-de-vie continueront de bouillir et puis rien.

Alors — le héros de quelle histoire pourrait arriver sur le col de Borşa pour y pleurer peut-être ou bien rire de ce qui se disait ce jour-là dans les journaux — un autre alors raconterait l'histoire d'un gars qui préférait traverser les États dans son vieux camion plutôt que de s'asseoir et regarder les autres passer sur la route — un autre encore raconterait l'histoire des camions qui fatiguent un continent pour charrier les plastiques de l'Europe — on entendrait aussi l'histoire des billets passés d'une main à l'autre pour des rêves idiots — alors le héros de quelle histoire pourrait dire sur le col de Borşa par exemple qu'il préfère parfois éteindre le poste et regarder la vallée comme ça et puis rien.

Et si nous n’avions pas croisé James Plant : quelle suite à nos récits ?