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Dubost, Jean-Pascal | Monstres morts

mercredi 2 août 2017, par sebmenard

 « COMMENT

Tout vécu porte fable, et tout moment phrase, et chaque phrase virgule ou point-virgule ou point qui tend comme corde d’arc le train auquel je ramasse tout ce qui traîne et le brûle et ne raconte rien de beau, non, c’est sans réciteur ni sans aède, de personne, que ça tient, qui va là, ni comment je travaille, n’importe comment, précisément, seul, ce qui crève la langue, l’erreur — »

p. 19

 

 

 

 « POÈME

On n’entre pas ici comme dans un moulin. »

p. 39

 

 

 

 « LA CAF

Réceptionniste, surélevée, courtisée (longue la file d’hères devant elle), robe de chintz (aux motifs d’ocelle) la serre, exhausse ses seins, deux tresses patientes sur l’épaule, elle lit l’oracle (Nous avons réétudié votre droit à l’allocation de Revenu Minimum d’Insertion le montant de cette allocation est indiqué ci-dessous il en résulte que vous êtes redevable de la somme de 8637) et tire d’une écharpe de tickets cornus le numéro de l’attente d’un dieu-technicien qui va vous recevoir — »

p. 57

 

 

 

 « PARASITES

Mais, à part ça dans la vie qu’on vous donne vous faites quoi avec l’argent de nos impôts qu’on te donne, forme vivante aux dépens d’autres organismes à satiété de souffle, de vin, de salades et par livres en plus sans sur l’une ou l’autre des deux mains se cracher dedans — »

p. 58

 

 

 

 « DANIEL BIGA

Les tigres bleues les tigres rouges les tigres yellow ou vert pour aller à la rencontre ses propres tigres nés encagés qui rauquent d’impatience bardés d’intentions asociales, et les lâcher, fallu au 1/1/92, pour les vivre à tâtons, martel au corps, les asservir à ses humeurs et les envoyer au charbon, dégager ses jours de la ligne « profession : vendeur » mensuelle par une démission d’intention totale et générale on, d’homme, n’est jamais complètement fichu — »

p. 61

 

 

 


Dubost, Jean-Pascal, 2005, Monstres morts, Obisidiane.