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liste des stations-essence

samedi 13 avril 2013, par sebmenard

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À côté d’Irun Espagne il fait chaud et gueule en vrac — les pouces debout à attendre et le bruit des bagnoles qui filent sur le bitume l’odeur du gasoil et les tâches sur le béton de la station-essence.

À Strasbourg un matin d’août le bruit d’une bagnole usée capot ouvert les cafés sur le métal la caisse de la station-essence — au bord d’une autoroute l’herbe verte et les grosses berlines allemandes garées tout autour — les tunes qu’il faut mettre dans un bol en plastique pour les toilettes les types qui vent des sandwichs saucisses les canettes de bière à côté les conteneurs de la station-essence.

Sur la route de Petra un après-midi au loin les tornades de sable il disait tornado le taxi — les sacs plastiques assis sur les marches dans une odeur de pisse de gasoil et de friture une station-essence du désert.

Dans un quartier de Damas tu marches seul à travers les immeubles et tu as peur et tu ne sais pas pourquoi mais tu as peur un type passe qui te monte dans sa bagnole et s’arrête dans une station-essence pour un café.

Au passage du col les virages — la longue langue de bitume et l’odeur d’un moteur trop chaud — l’huile bouillante — les barrières de sécurité les types qui demande à voir un passeport et les pompes à essence dans l’ombre.

Entre deux villages et des montagnes — le bitume est encore chaud et des types sont là qui attendent pelles en main — réservoir plein les billets passent d’une main à l’autre — un tas de billets froissés — la couleur jaune jaune de la terre autour le bitume noir noir de la station-essence.

Le moteur d’un bus qui tourne sous le soleil chaud du Nord de la Syrie — juste après Bab-el-Hawa la petite mosquée à côté des pompes à essence et la chaleur pour la première fois la chaleur du Moyen-Orient — vent qui souffle et soulève la poussière les herbes sèches.

La station-essence et gare routière d’un quartier de Tanger c’était la fin d’un voyage — le bus larguait ses passagers la foule et les taxis klaxonnaient à travers les valises à travers les distributeurs automatiques les marchands de thé.

Au bord d’une autoroute à peine terminée les arbres éventrés autour les impacts de balles structures en métal à demi rouillée champs de maïs — une station-essence ou station-grillade d’une banlieue d’Istanbul bagnoles à l’arrêt devant les néons tous allumés dans la nuit.

Remontant la Jordanie depuis Jérusalem les types qui nettoient leur passeport avec du parfum alcoolisé pour enlever les autocollants toutes traces — les chiens qui hurlent dans la nuit les chiens la gueule froide d’une nuit sans sommeil — les types qui attendent accoudés à une pompe à essence des paquets de dollars dans la main — juste avant la frontière parce que c’est moins cher de ce côté et parce que de l’autre côté les ponts les baraques les routes sont cassés — les chiffres qui défilent rouge orange sur le cadran.

Entre deux pays — on ne sait pas lequel et ce n’est pas vraiment une station — types qui remplissent un réservoir caché dans la soute du bus et le gasoil coule sur le bitume chaud — ils en ont plein les mains — l’odeur du gasoil et l’air climatisé.

En remontant plein Nord — la station à l’abri tôle ondulée des types croquent dans des sandwichs des types mettent de la tune dans des distributeurs à cigarette des types remplissent leurs réservoirs des types alignent leurs tapis en regardant la pluie.

Et dans la lumière jaune blanc au carrefour proche de l’Arena deux larges boulevards se croisent pendant qu’une station-essence dort dans le noir — un chien traverse qui court droit sur le bitume — un autre est là qui hurle dingue contre une pile de pneus — c’est sans doute ça — la lumière jaune blanc d’un lampadaire dans la banlieue d’une ville — le silence d’une station-essence immobile — les chiens alentour.