journal permanent | 14 avril 2021

Aulus Persius Flaccus naquit à Voleterre quand Tibère tuait. Les armées d’Artaban envahissaient l’Arménie. Il était étrusque, chevalier, riche, parent d’Arrie. Il aima son gendre, qui avait nom Thrasea. Lucain se tordai les mains en entendant ses vers ; pleurait de dépit de ne pas savoir écrire aussi bien qu’il faisait ; de joie devant tant de beauté. Il éait lié aux Sénèque. Il n’avait d’estime ni pour son oncle, qui était le premier ministre de Néron. Il en exécrait le style. Il était beau et chaste, quelque attirance qu’il eût pour certains hommes. Jamais il ne put empêcher qu’il rougît violemment, quand il avait honte, ou quand un geste le choquait. Il aimait la cendre blanche dans le feu, les fleurs violettes, la vérité, la force. Il se plaisait à entendre les perroques disant en grec quand on arrive : Χαῖρε. Il trouvait très agréables la salive chaude d’un homme entourant sa verge, le chant du corbeau, le néant, le cèdre, les chiens altérés, les cruches en argile molle humides. Il aimait l’indépendance des vies, les rameaux des hêtres, les heures, les choux, le souvenir de l’origine et des noix.

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Il était aussi intéressé par les salières en argent et les groins des porcs.

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Ce qu’il haïssait : la vanité, la vieillesse, le pouvoir, les rubis, la littérature grecque, Virgile. Il haïssait les lits qui sont faits en bois de citronnier, les antithèses symétriques, la dictature.

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Son style était obscur. Il pratiquait l’énigme parce qu’elle condense. Il aimait les mots serrés les uns sur les autres comme un nœuds à l’instant d’étrangler un cou.

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(…)

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Il feignait d’écrire la nuit.
pp. 323-325 des Traités (II) de Pascal Quignard

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