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Nos corps en portent (encore) les traces

mardi 12 mars 2013, par sebmenard

(...)

Seuls nos corps en portent les traces.

C’est ça.

C’est exactement ça.

Une nuit — ça serait une nuit — forcément.

Des types — ils sont debout fumée de clope — leur gueule sur un quai en bitume.

Au loin — on entend le bruit des roues en fer sur les rails métal froid — on entend une voix qui semble dire quelque chose mais on ne comprend déjà plus.

Sinon — c’est un fleuve large très large — c’est un fleuve sauvage on a l’habitude de dire ça c’est un fleuve sauvage — c’est bientôt l’hiver et les eaux sont gonflées mais calme — on prépare encore nos masque et nos peaux nos corps et nos voix — on ne sait pas — on ne sait jamais ce qu’il y a en dessous la surface des eaux — dessus il y a des mousses jaune beige qui filent — tout autour ça se découpe dans le ciel du soir des arbres sans feuilles — il y a un homme — il est dans une barque et rame vers la rive — son corps c’est une ombre verte sur les eaux — sans doute qu’il parle encore — un peu.

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