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journal permanent | 24 mai 2016
mardi 24 mai 2016, par
Sarve — Kärdla — Suurrsadam (sur la pointe : Sääremina) (île d’Hiumaa).
Demi-repos.
53km.
Au matin réveil dans la forêt de pins — au bord de l’eau — côté est de l’île — le site Internet estonien qui répertorie des lieux équipés dans la nature signale ce coin — un bon plan quand on arrive du continent en ferry. À recopier des phrases (Marie Cosnay, Hakim Bey) dans le journal ou dans la réserve. Oiseaux. Le soleil à travers les pins.
Hier, aperçu quelques articles à propos du blocage des raffineries en France. Des pompes à sec. Ce qui est un problème peut aussi être une solution. Souligne les contradictions. Je suis dedans : je bois du café. Il y a une virgule dans ce fragment.
En Estonie un site répertorie donc (et pour chaque région) :
- les lieux de nuitée libre
- les lieux organisés pour faire un feu
- leurs équipements (exemples : eau courante — tables — abris — toilettes sèches — informations — accès à la mer — wifi…)
- les chemins de randonné (selon le type : marche, découverte de la flore, observation, mer, etc.)
- les voies vertes
- les cabanes à accès libres
- les cabanes payantes (il y en a)
- les centres d’informations sur la nature
- …
Nos amis ici disent qu’en Estonie même les arbres ont la wifi.
Parfois quand il s’agit de dire que nous dormons généralement dehors — dans la nature — dans un champ — à l’orée d’un bois (n’aime pas dormir dans un bois — pense aux branches pouvant tomber) — sur une plage (rien d’extraordinaire à tout ça — la vie de la route — les voyageurs non motorisés savent cela) - on nous dit que c’est interdit — qu’il y a un risque.
Il y a plusieurs types de réglementation :
- c’est illégal mais il y a toujours une solution (ex. : Pays-Bas)
- c’est autorisé mais personne ne le sait (ex. : France — à l’exclusion des dispositions locales — voir situation sur la côte par exemple)
- c’est autorisé et encouragé — protégé comme un droit (ex. : Estonie)
- il n’y a pas de loi à ce propos ou bien personne n’y prête attention (Roumanie — mais voir voyageurs dans d’autres zones de la planète)
(Tout ça le garder pour le studio mobile de création)
Dans les notules du 22 mai :
SAMEDI.
Lecture. Le Maquis de Glières : Mythe et réalité (Claude Barbier, Perrin – Ministère de la Défense, 2014 ; 472 p., 24,50 €).
Bénéficiant de l’ouverture d’archives inaccessibles aux premiers auteurs qui se sont penchés sur l’histoire du maquis de Glières, Christophe Barbier a le souci de revisiter les événements de février-mars 1944, longtemps considérés comme la première bataille de la Résistance, avec un œil neuf. D’abord en réinscrivant les faits dans le temps long de l’Histoire – celui de la Savoie annexée en 1860 par la France – et dans le temps particulier de la guerre. En soulignant que la motivation première des jeunes gens qui sont montés sur le plateau de Glières était d’échapper au STO, il estompe d’emblée la dimension patriotique et résistante qui fut mise en avant par la suite. En reconstituant minutieusement les événements à partir des rapports, télégrammes et témoignages recueillis, il en arrive à constater que la majorité des maquisards ne sont pas tombés les armes à la main face à une offensive massive des Allemands mais ont été arrêtés et exécutés – par la Milice principalement – dans la vallée après avoir reçu l’ordre de quitter le plateau : “Glières n’a donc pas tant été une opération militaire qu’une affaire de représailles, policières au demeurant.” En faisant de Maurice Anjot le personnage le plus important du maquis, il écorne la gloire posthume de Tom Morel longtemps célébrée. Le mythe des 12000 Allemands lourdement armés montant à l’assaut du plateau tenu par 500 hommes ne tient pas face au travail de Barbier et celui-ci, après l’avoir démoli, donne les raisons de sa construction. Inutile de dire que son livre a été mal reçu ici, en Haute-Savoie, par les associations qui s’occupent de perpétrer la geste de Glières. Cependant, les informations livrées par Barbier ne sont pas toutes des révélations : profitant d’une escapade savoyarde, je suis retourné aujourd’hui sur le site que j’avais déjà parcouru en 2000, et j’ai pu me rendre compte à la lecture des panneaux didactiques qui le parsèment que la version désormais livrée au public est plus proche de la réalité que du mythe. Une réalité suffisamment héroïque – tenir un mois d’hiver sur un plateau isolé sous la menace d’ennemis intérieurs et extérieurs – pour se suffire à elle-même.
Curiosité : un des officiers présents sur le plateau, en charge du ravitaillement, était un Vosgien, Pierre Bastian, né à Bazoilles-sur-Meuse. Son nom figure sur le monument aux morts du village, entré dans l’IPAD le 26 décembre 200.
Au(x) supermarché(s) on cherche des choses qui viennent d’ici — qui sont bien faites — proprement — mais on n’a pas de répère — on sait pas vraiment quoi croire - on ne sait rien — 200 grammes de physalis de Bolivie ça coûte 1,29€ (par exemple) (elles sont biologiques — qu’est-ce que ça veut dire) — huit (8) tranches de fromage de l’île à côté ça coûte 1,39€ (lait biologique — ça veut dire quoi) — le pain on sait rien — le sel on sait rien — le savon non plus — et tout le reste tout autour tout le reste.
Sur l’île — nous arrivons finalement au bout d’un chemin près de l’ancien port Suursadama. L’eau est calme. Un peu de vent. Avons allumé un feu. Cuisiné là — sur la braise. Du riz des haricots — du pain grillé — du fromage fondu. Relu un sujet à paraître cet été. Quelques ajustements. Et puis lire — Hakim Bey — le journal.