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journal permanent | 1er mars 2017

mercredi 1er mars 2017, par sebmenard

Un jour à faire des salades, des choux feuilles, des basilics, des épinards, des arroches, des persils, des roquettes, des moutardes.

(un jour
feuille)


B.O. : les Pulsations tropicales des Frères Jackfruit.


Au Café de Kirinthos

38.809258, 23.444127

Je vais au Café à Kirinthos relever les mails, uploader quelques images, mettre à jour le journal en ligne, récupérer un ou deux livres numériques. Je vais au Café de Kirinthos mettre à jour la machine, brancher Skype, ouvrir l’agrégateur de flux. Je vais au Café de Kirinthos prendre la pulsation des ombres, boire de la bière, manger des arachides, écouter le son, le son de l’île. Je vais au Café de Kirinthos à vélo, je traverse les routes et les champs, je file entre les collines, au pied des montagnes, à travers le coton, le coton laissé là, le coton des saisons passées, le coton de nos souvenirs, le coton de nos gueules, le coton de l’amour, le coton, le coton, le coton. Je vais au Café de Kirinthos en passant devant les caravanes, devant les sources, les ruisseaux à sec, les abris de fortunes, les cafés fermés, les fermes abandonnées, les champs au repos, les moutons, les chiens, les bêtes quoi, les bêtes de la route de Kirinthos. Je vais au Café de Kirinthos écrire une histoire, une petite histoire, une histoire de rien du tout, un poème de rien du tout du coton de poème de Kirinthos. Je vais au Café de Kirinthos consulter un compte bancaire, consulter un réseau social, lire les sites, boire du café, du café à la grecque, forcément, du café à la grecque. Je vais au Café de Kirinthos et je ne compte pas. Je vais au Café de Kirinthos avant de reprendre la route, la route du Sud, la route du Nord, la route des routes, la route des Vents. Je vais au Café de Kirinthos pour le souvenir du Café de Kirinthos, pour le coton du temps qui file, pour le coton des mots, le coton d’écrire, de lire, de bégayer, de boutiquer, de bazarder, de filer, de filer, de filer…


Un restaurant abandonné

40.681854, 21.679728

C’est l’avantage des pays (…) (j’avais envie de l’écrire comme ça) (sans terminer la proposition) (mais il faut bien terminer ses phrases).

C’est l’avantage des lieux qui s’effondrent. Les cartes ont de nouvelles zones blanches. Les lieux sont délaissés. Les bâtiments sont abandonnés. Les terrains, les routes, les cabanes. Les piscines parfois.

Nous étions épuisés. Et il y avait du gros temps d’annoncé. On entrait par le sud à Amyntaio. Il y avait ce genre de petits bois. C’était sale. Mais c’était libre de toute occupation. Il y avait une vieille bâtisse. C’était un restaurant, il y a quelques temps. Tout abandonné. On a mangé là. C’était midi. Et les pluies sont venues. Le vent s’est levé. L’orage, au loin. On a fini pousser notre bazar sous l’abri de ce restaurant, un porche. À la station essence à côté : quelques bières et de l’eau pour cuisiner, se laver un peu. Tenir jusqu’au lendemain peut-être. La pompiste m’annonce que ça va pleuvoir, ça va gronder, ça va venter, ça va pas être beau. Mieux vaut rester là. Pas reprendre la route comme ça. Elle ne me fera même pas payer les bières.

On est resté là jusqu’au lendemain matin. Les pluies sont passés. Les vents, les éclairs, les orages. Tout. On a jeté les dés. Yams. On a dormi à l’abri. On a lu, on a écrit. Dans cette ruine du commerce. Nous avons habité la poussière, la ruine, le temps et le vent. Parfois, des phares dans le noir.

Au lendemain, nous avons repris la route. La route des terrains, des collines, des rivières et des lieux abandonnés. Là, dans l’entre-deux, dans l’abandon : une respiration.


Tu veux savoir où tu étais, il y a, disons 11 mois par exemple ? Tu cherches dans ton journal permanent. Tu cherches à travers les mots.